Noctuelle

D’un beau vert fluorescent,
Tu poinçonnes allègrement
Les feuilles du quinoa.
Je te laisse la vie sauve,
Curieuse de voir à quoi
Un jour tu ressembleras.

Tu peux agir à ta guise,
Manger avec gourmandise
Ce qui pousse autour de toi,
Quitte, en passant, à détruire
Quelques fruits en devenir,
Je ne te blâmerai pas.

Trou par ici, trou par là,
Je t’ai cherchée, te voilà !
Dans la jungle végétale
Où tu t’es dissimulée,
Des indices te trahissent…
Ton appétit te perdra !

Ton insatiable intestin
A causé bien des dégâts,
Car des limbes dévorées
Ne restent que les nervures
Et des branches désolées,
Sans leur écrin de verdure.

Il aura fallu du temps
À ta chenille si vorace
Pour parvenir à ses fins,
Et se cacher à l’abri
D’une feuille repliée
Soigneusement par ses soins.

Dans ce petit nid de soie
Tu te changes en chrysalide.
Je guette ce moment-là
Impatiente et attentive,
Pour assister à la suite
De cette naissance ultime.

Et ce matin je te vois,
Papillon couleur de bois,
Fragile humide et froissé
Dans ton costume d’écorce,
Tellement bien camouflé
Entre terre et feuilles mortes.

Sans bouger tu fais sécher
Ce corps nouvellement né,
Et les rayons du soleil
Repassent, sans les brûler,
Les écailles veloutées
De tes ailes, encore fermées.

C’est le cycle de la vie
Qui va se renouveler.
Laisse-moi te regarder
Avant que tu ne t’éveilles,
Que tu ne prennes tes aises
Pour t’envoler dans la nuit.

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