J’ai chanté

J’ai chanté le soleil et j’ai chanté la pluie,
J’ai chanté le ciel bleu, les petits matins gris,
J’ai chanté la lumière, les aurores, la nuit ;
Chanté l’astre lunaire, les étoiles qui brillent.
 
J’ai chanté la forêt, la mer et les nuages,
Chanté les arcs-en-ciel, la neige, les orages ;
 
J’ai chanté les rivières, les plaines, les cascades,
J’ai chanté l’aube claire, le feu, l’eau et la glace,
Le vent dans les bosquets, la terre, la montagne,
Le givre puis la grêle, les rochers, la campagne,
Les oiseaux, les insectes, surpris dans leur voyage.
 
J’ai chanté la nature sous toutes ses coutures
Et les saisons du cœur avec celles de l’âge,
L’enfance et ses mirages, la jeunesse qui passe,
 
La fière adolescence qui rue dans les brancards,
L’enfance qui commence, l’enfance qui finit,
La joie d’une naissance, la douleur d’un départ,
Les remises en question, les rêves, les naufrages
Les perceptions du corps, les élans, la pudeur
L’espoir et la raison, les conflits intérieurs
 
Les amours débutantes, les illusions perdues,
Les questions sans réponse, les mots qu’on n’attend plus,
Ces bonheurs trop fugaces, déjà évanouis,
Qui transmettent leur grâce et nous gardent en vie.
 
Il y a tellement à dire et à chanter
Que l’on n’est jamais trop à vouloir partager
Les beautés de ce monde, les cycles de la vie,
Les émotions profondes ; l’art de la poésie.

Les Mouettes

Ce matin elles sont dix
Qui tournent, virevoltent,
S’ébattent devant moi
Et me font une escorte.

Elles planent, se poursuivent,
Fières et audacieuses,
Dans un ballet rapide
Et paisible à la fois.

Elles descendent si bas
Au-dessus de nos têtes,
Qu’en allongeant les bras
J’arriverais peut-être
À caresser leurs ailes…

Si proches, si lointaines,
Elles règnent silencieuses
Sur le jour qui se lève
Et la ville frileuse.

Grand vent

Il ne vient pas du large,
Mais comme il fait du bien
Ce vent un peu sauvage
Qui fouette mon visage
Dans le petit matin !

Légèrement humide,
Doux et frais à la fois,
Voilà qu’il illumine
Mon sourire et mes rimes
D’un petit air narquois

Et cette Mouette blanche,
Que je poursuis des yeux
Dans le ciel nuageux,
Survolant en silence
Cette grise banlieue,

Est-elle aussi en manque
D’air iodé et d’embruns,
Privée de l’océan
Et de sa terre natale,
Telle un voilier errant
Loin de son port d’attache ?

Cet oiseau de passage
Au délicat plumage
Passe au-dessus de moi,
Tournoyant maintes fois.

J’arrête alors mon pas
Pour tenter de comprendre
Ce qu’il attend de moi,
Mais voilà qu’il s’en va

Sans attendre la fin
De mes observations,
Changeant de direction,
Il part dans le lointain
Rejoindre l’horizon.