Notre petit hôtel
Typique de Bretagne,
Avec son toit d’ardoises,
N’est pas loin de la mer.
Hors saison tout est calme.
Ses murs propres et blancs
Sont comme ses gérants
Aux cheveux grisonnants,
Soignés et accueillants.
Amateurs de gris pâle,
De tapis de sisal,
Taupe ou couleur ficelle ;
Tout est en harmonie,
Doux à l’œil et à l’âme.
Ce lieu est décoré
Avec goût dans un style
Assez hétéroclite
Fait de bois cérusé,
De métal repoussé ;
Des objets pleins de charme,
Venus du monde entier,
Probablement chinés
Le temps d’une escapade,
Nous attirent d’emblée,
Se jouent avec audace
De leurs curieux contrastes,
Brouillant les univers
Avec des luminaires
De plumes délicates,
Aussi blanches que neige,
Et des cartes sous cadre
Aux allures anciennes,
Dont les noms nous rappellent
Ces lieux sur la planète
Invitant au voyage.
Une chambre agréable,
Aérée, confortable ;
Des couvre-lits douillets,
Bleus, constellés d’étoiles,
Au toucher velouté,
Et, la nuit achevée,
L’arôme des croissants
Et du chocolat chaud,
Du café qui diffuse
Les tentantes effluves
Du petit déjeuner
S’étend dans l’escalier,
Nous chatouille le nez,
Venant avec douceur
Nous lever du bon pied
Afin de profiter
Avec bonheur des heures
D’un jour privilégié.
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Avenue des Salines
– À ma mère –
Avenue des Salines,
En face du plan d’eau
Où si doucement glissent
Colverts et Poules d’eau,
Où l’Aigrette Garzette
Et quelques Cormorans
Jouent, le temps d’un instant,
À déployer leurs ailes
Sur le cône de sel
D’une blancheur extrême
Dont le reflet tremblant
Frissonne et se morcelle,
Touches irrégulières
Effleurées par le vent,
Dansant dans la lumière
De ces flots chatoyants,
S’est arrêté le temps…
Sur la plage
Des tortillons grisâtres
Filtrés par la myriade
D’organismes cachés,
Attendant la marée,
Le sable qui divague
En dunes bien serrées.
Des goémons qui claquent
Lorsque nos pieds éclatent
Leurs capsules bombées,
Des crevettes piégées
Sous le creux d’un rocher,
Par la mer retirée…
Une ophiure échouée.
Des arbres sans feuillage
Aux branches stylisées,
Creusés à la surface
Par le reflux du sable
Mêlé à l’eau salée,
Entraîné vers le large.
Les cercles qui s’étalent,
De différentes tailles,
Qui se brisent et qui laissent
Leur empreinte en relief,
Graphisme délicat
Rehaussé de mica,
Sont les traces brillantes
Que des vagues montantes
Et la marée suivante
Ont laissées sur la grève
Balayée par le vent,
Bien avant que se lève
Le jour qui nous amène
À fouler cette plage
Semée de coquillages.
La mer en son écrin
Emplit de gratitude
Nos âmes qui ont faim
Du manque de nature,
Nourrit nos cœurs chagrins
De bouffées d’air marin,
Comble l’incertitude
Des prochains lendemains,
Et nous apaise enfin.
Dame Lune
Debout dans un ciel sans nuage,
Dans la nuit bleue, elle me regarde
Avec la bonté souriante
D’une madone bienveillante.
Ronde et blanche, énigmatique,
Telle une reine hiératique
Qui veille sur notre sommeil,
En tête à tête, recueillies
Dans un nécessaire silence ;
Elle inspire nos confidences
Nous transmet force et énergie,
Relance projets et envies,
Nous pousse à aller de l’avant
Dès l’arrivée du jour suivant.
Les Martinets
J’aime observer les Martinets ;
Leur course folle dans l’été,
Leur contour élégant,
Silhouette effilée
Finement découpée,
Leurs ailes en faucille
Longues, fines, arquées…
J’aime leurs cris perçants,
Coups de sifflet stridents
Résonnant dans l’air frais ;
Leurs ailes qui s’agitent
Et planent juste après…
Leur façon de foncer
Droit sur l’obstacle et l’éviter,
Sans crier gare, changeant de cap
Sans jamais pouvoir s’arrêter,
Dans des courses-poursuites
Des plus acrobatiques,
Vertigineux ballets
D’aérienne voltige
Qu’on s’étourdit à regarder.
Les yeux rivés sur eux,
Fascinée par leurs jeux
Grisée par leur vitesse,
J’admire leurs prouesses
Et ne peux me lasser
De l’incessante sarabande
Endiablée des Martinets.