Soleil et lune

Le soleil peu à peu décline à l’horizon
Il a suivi, altier, la grande parabole
Qui va d’est en ouest, suivant la progression
Dessinée dans les cieux depuis la nuit des temps.

L’astre d’or en faisant cette révolution
A traversé le ciel d’un azur sans nuage ;
Réchauffant mes épaules, caressant mon visage,
Illuminant le jour de ses tendres rayons.

J’ai tourné le regard et, placée juste en face,
Se détachait déjà la lune toute blanche
Là où, neuf heures plus tôt, il avait avec grâce
De la voûte céleste commencé l’ascension.

Un clin d’œil de l’une, et de l’autre un sourire,
Le temps de s’effacer dans le rose du soir,
Et la lune gibbeuse croissante s’illumine
Pour veiller sur la nuit qui se pique d’étoiles.

Le soleil naît à l’horizon

– À mon père –


Le soleil naît à l’horizon,
Le ciel s’est habillé de rose ;
Il illumine les maisons
D’une belle lumière fauve.
 
Baignés de sa vive clarté,
Tous les petits carrés
Des vitres alignées
Reflètent dans l’aurore
 
Les éclats de cet or
Qui m’éblouit les yeux,
Éphémère trésor
Intense et fabuleux.

Méditerranée

La Méditerranée,
Avec ses vaguelette
Ou vagues qui se dressent,
Plus hautes, plus rebelles,
Nous heurtant de plein fouet,
 
Puis viennent s’échouer
En écume bruissante
Qui lèche les galets,
Avant de refluer
Vers des eaux plus profondes ;
Perpétuel mouvement
Guidé par les marées.
 
La Méditerranée,
Fraîche à nos corps pressés
De goûter aux bienfaits
Que l’eau de mer procure
À nos peaux surchauffées,
Saturées des degrés
D’un soleil qui perdure…
 
La Méditerranée ;
Eau salée transparente,
Verte sur les rochers,
Avec ses courants froids
Ou tièdes par endroits
 
Et ces poissons qui nagent
À deux pas du rivage,
Juste sous la surface,
En bancs organisés
Si bien chorégraphiés ;
 
Vivantes étincelles
Dont les flancs réverbèrent
Mille éclats de lumière
Qui chatoient dans la mer.

Provence

– À Karin et Bernard –


Bienvenue en Provence,
Dans le sud de la France,
Non loin du littoral ;
Où les cyprès allongent
Leurs cimes élancées
Dans l’azur de l’été
 
Où les grands chênes verts
Ont des feuilles aux limbes
Vert bronze, presque ovales ;
Quand les chênes kermès
Ont les leurs plus épaisses,
Piquantes comme houx,
Pour griffer nos genoux
 
Où les pins parasols
Déploient leurs larges dômes
Majestueusement,
Et les pins maritimes,
Pins d’Alep ou pins blancs,
Pleurent, larmes collantes,
Leur résine odorante
Sur les aiguilles roussies
Qui tapissent le sol
Où courent les fourmis
Géantes du midi
 
Où les vieux oliviers
Aux feuilles allongées,
Gris vert et argentées,
Dont les troncs tourmentés
Sculptés par les années,
Les étés trop brûlants
Et le mistral glaçant,
Nous inspirent la paix
 
Où le figuier exhale
Son empreinte olfactive
Puissamment attractive,
Nous offrant la surprise
D’y trouver une figue
Absolument exquise
 
Où l’aloe vera
Dresse, si conquérante,
Sa longue inflorescence,
Et ses feuilles immenses
Gorgées d’une substance
Douceâtre et transparente
Dont le gel apaisant,
Appliqué sur la peau,
Soulage bien des maux
 
Où vit le romarin
Aux branches étoilées
De délicates fleurs
À la saveur subtile,
Bleu pâle ou violacées,
Finement ouvragées,
Que l’insecte visite
Au détour d’un chemin
 
Où la belle lavande,
Défleurie à présent,
Mais toujours réhaussée
De hampes parfumées
Aux senteurs entêtantes,
Côtoie dans les rochers
Et la terre ocre rouge
Argileuse et aride,
Quelques touffes de thym
Fleurant bon la garrigue
Pour le plus grand bonheur
Des nombreux amateurs
 
Où les criquets gris brun
Se confondent si bien ;
Jaillissant brusquement
Sous nos pas imprudents
Dans un feu d’artifice
D’ailes rouges ou bleues,
Puis se volatilisent
Dans le maquis complice,
Échappant à l’emprise
De nos yeux trop curieux
 
Où l’invisible orchestre
De milliers de cigales
Grisées par le soleil,
Emblème régional,
Accorde ses violons ;
Diffusant sa chanson
Qui envahit l’espace
À travers les grands arbres…
 
***
Elle est là ma Provence,
Bien qu’un peu moins sauvage
Qu’au temps de mon enfance…
Je l’emporte avec moi,
Glissée dans mes bagages,
Ainsi que les fragrances
Des plantes endémiques
Qui imprègnent mon âme
Et toute la cuisine
De ce goûteux terroir.
 
Je laisse les moustiques !