Le soleil naît à l’horizon

– À mon père –


Le soleil naît à l’horizon,
Le ciel s’est habillé de rose ;
Il illumine les maisons
D’une belle lumière fauve.
 
Baignés de sa vive clarté,
Tous les petits carrés
Des vitres alignées
Reflètent dans l’aurore
 
Les éclats de cet or
Qui m’éblouit les yeux,
Éphémère trésor
Intense et fabuleux.

Méditerranée

La Méditerranée,
Avec ses vaguelette
Ou vagues qui se dressent,
Plus hautes, plus rebelles,
Nous heurtant de plein fouet,
 
Puis viennent s’échouer
En écume bruissante
Qui lèche les galets,
Avant de refluer
Vers des eaux plus profondes ;
Perpétuel mouvement
Guidé par les marées.
 
La Méditerranée,
Fraîche à nos corps pressés
De goûter aux bienfaits
Que l’eau de mer procure
À nos peaux surchauffées,
Saturées des degrés
D’un soleil qui perdure…
 
La Méditerranée ;
Eau salée transparente,
Verte sur les rochers,
Avec ses courants froids
Ou tièdes par endroits
 
Et ces poissons qui nagent
À deux pas du rivage,
Juste sous la surface,
En bancs organisés
Si bien chorégraphiés ;
 
Vivantes étincelles
Dont les flancs réverbèrent
Mille éclats de lumière
Qui chatoient dans la mer.

Provence

– À Karin et Bernard –


Bienvenue en Provence,
Dans le sud de la France,
Non loin du littoral ;
Où les cyprès allongent
Leurs cimes élancées
Dans l’azur de l’été
 
Où les grands chênes verts
Ont des feuilles aux limbes
Vert bronze, presque ovales ;
Quand les chênes kermès
Ont les leurs plus épaisses,
Piquantes comme houx,
Pour griffer nos genoux
 
Où les pins parasols
Déploient leurs larges dômes
Majestueusement,
Et les pins maritimes,
Pins d’Alep ou pins blancs,
Pleurent, larmes collantes,
Leur résine odorante
Sur les aiguilles roussies
Qui tapissent le sol
Où courent les fourmis
Géantes du midi
 
Où les vieux oliviers
Aux feuilles allongées,
Gris vert et argentées,
Dont les troncs tourmentés
Sculptés par les années,
Les étés trop brûlants
Et le mistral glaçant,
Nous inspirent la paix
 
Où le figuier exhale
Son empreinte olfactive
Puissamment attractive,
Nous offrant la surprise
D’y trouver une figue
Absolument exquise
 
Où l’aloe vera
Dresse, si conquérante,
Sa longue inflorescence,
Et ses feuilles immenses
Gorgées d’une substance
Douceâtre et transparente
Dont le gel apaisant,
Appliqué sur la peau,
Soulage bien des maux
 
Où vit le romarin
Aux branches étoilées
De délicates fleurs
À la saveur subtile,
Bleu pâle ou violacées,
Finement ouvragées,
Que l’insecte visite
Au détour d’un chemin
 
Où la belle lavande,
Défleurie à présent,
Mais toujours réhaussée
De hampes parfumées
Aux senteurs entêtantes,
Côtoie dans les rochers
Et la terre ocre rouge
Argileuse et aride,
Quelques touffes de thym
Fleurant bon la garrigue
Pour le plus grand bonheur
Des nombreux amateurs
 
Où les criquets gris brun
Se confondent si bien ;
Jaillissant brusquement
Sous nos pas imprudents
Dans un feu d’artifice
D’ailes rouges ou bleues,
Puis se volatilisent
Dans le maquis complice,
Échappant à l’emprise
De nos yeux trop curieux
 
Où l’invisible orchestre
De milliers de cigales
Grisées par le soleil,
Emblème régional,
Accorde ses violons ;
Diffusant sa chanson
Qui envahit l’espace
À travers les grands arbres…
 
***
Elle est là ma Provence,
Bien qu’un peu moins sauvage
Qu’au temps de mon enfance…
Je l’emporte avec moi,
Glissée dans mes bagages,
Ainsi que les fragrances
Des plantes endémiques
Qui imprègnent mon âme
Et toute la cuisine
De ce goûteux terroir.
 
Je laisse les moustiques !

Verte

Verte sur le feuillage
De mes plants de tomates,
J’ai admiré la belle
Tenue de camouflage
De cette sauterelle.

Verte parmi les vertes
Feuilles du physalis,
J’ai vu cette punaise
M’observer d’un œil fixe.

Verte comme la tige
Qui reste après l’orgie,
J’ai trouvé la chenille
Malgré son mimétisme.

Le balcon est si vert
Avec toutes ces plantes,
Qu’il ressemblerait presque
À une forêt vierge !

À vous, petites bêtes
Qui pourriez vous méprendre ;
Il n’y a pas de tenue,
Aussi verte soit-elle,

Qui ne soit parvenue
À vous faire disparaître
Définitivement
De mon champ visuel. 

Pour vous toutes, aperçues
Souvent à votre insu,
Ne craignez pas demain
De périr par ma main.

Il n’est pas nécessaire
De redouter la fin
Et de fuir derechef
Dans un autre jardin ;

Mais je sais les dangers
Qui vous guettent, à la ronde
Les occasions abondent
Pour servir de gibier.

La vie est ainsi faite,
Hélas toujours trop brève,
Et souvent méconnue
Quand il s’agit d’« insectes ».

Aussi je vous salue
Dans ce petit poème,
Qui vous a plu j’espère,
Et vous dis simplement

De vivre intensément
Fidèles à vous-mêmes,
Tout le temps qu’il vous reste…
Et à demain, peut-être !