Sens-tu ?

Sens-tu dans l’air si doux que vivifie la pluie
L’odeur chère à mon cœur des troènes fleuris ?
Elle me renvoie toujours au temps de mon enfance,
Marquant à tout jamais mon début d’existence,
Et ce voyage-là chaque année me revient.
 
Quand l’été se profile sur leur luisant feuillage,
Leurs délicates fleurs rassemblées en bouquets
Révèlent leur blancheur, exhalent leur parfum,
Et constellent d’étoiles leurs généreuses haies
Pour la joie des insectes et celle des humains.

Buissons parfumés

– À ma mère –


Arrêtée devant la haie
Dépassant d’une maison,
Je me plonge avec délice
Dans le généreux buisson
D’un Chèvrefeuille abondant
Aux fragrances magnifiques.
 
Ses fleurs aux teintes subtiles,
Jaune-rosé, rose-thé,
Déploient leurs coroles fines
Aux pétales retroussés
Et leurs longues étamines
Pour attirer, en principe,
Tous les voyageurs ailés…
 
Quand enfin je m’en éloigne,
C’est pour tomber sous le charme
D’un délicat Seringa
Qui embaume tout l’espace
Et stoppe à nouveau mon pas.

Parfum d’herbe coupée

Parfum d’herbe coupée
Dans l’air tiède exhalé,
J’entends dans le lointain,
Continu et léger,
Le doux vrombissement
D’un moteur cahotant
De tondeuse passée…
 
Compagnons roses, liserons blancs
Ou pissenlits jaune éclatant,
Chaque recoin de terre
Fleurit et me rappelle
Les souvenirs anciens
Des week-ends en famille
Au temps des frondaisons ;
 
La tonte du gazon,
L’amas de verts débris
Moelleux et aériens,
Que le vent éparpille
Sur l’émeraude écrin…
 
Le verdoyant tapis
De l’herbe du jardin
Raccourcie avec soin,
Allonge le terrain,
 
Donnant à tous ces brins
Si fraîchement coupés
Cet aspect velouté,
Plus rêche sous la main.