Au square des Tilleuls

– À ma sœur –


Au square des Tilleuls, tout près de la forêt,
Sur le charmant balcon d’une grande amoureuse
De nature et de paix, se trouve une maison
Faite dans une boîte aux parois de carton,
Percée sur le devant d’une ouverture ronde ;
Abritant le trésor de fines graines blondes.
 
Les passereaux nichant dans les arbres voisins
Viennent s’y restaurer car, dès potron-minet
Elle devient le théâtre d’un étonnant ballet.
 
L’on y voit des pinsons aux trilles mélodieux,
Des mésanges en nombre, charbonnières ou bleues,
Hardies et sautillantes, curieuses et gourmandes ;
Piochant à tour de rôle dans ce garde-manger
De grande renommée, respectant sans contrôle
Un ordre de passage, tandis que le verdier
Ne s’embarrasse pas de ces enfantillages !
 
Heureux de cette aubaine, il s’installe et fait face
Au groupe des mésanges patientant à côté,
Plongeant de temps en temps son bec en la réserve
Il pique et élimine la petite peau sèche
Des graines picorées puis, enfin rassasié,
S’envole et disparaît, dans le feuillage épais
De la sylve prochaine.
 
Tout près de la mangeoire,
Une soucoupe d’eau abreuve les oiseaux
Qui tour à tour s’y baignent pour laver leur plumage.
Quand viennent les plus gros, hésitants et patauds,
Tentant de ramasser des miettes du gâteau ;
Ne pouvant pas entrer dans la boîte à festin
Ils se contentent d’eau et sautent à pieds joints
Dans cette pataugeoire.
 
 

Les Souris

Dès que la nuit se profile
Dans le métro de Paris,
Les Souris sortent sans bruit ;
Trotte-menu, vite vite,
Prestement elles se faufilent
Semblant effleurer le lisse
Revêtement anthracite.
 
Dès que la foule s’éclipse,
Dans leur jolie robe grise
Elles reprennent leur routine
Et grignotent, vite vite,
Tous les restes qui se glissent
Dans les moindres interstices.
 
Dès que s’approche minuit,
Les Souris quittent leur nid
Et s’activent, vite vite,
Sans craindre le cri strident
Des freins qui bruyamment crissent
Et me percent les tympans.
 

Dans le ciel gris fumé

Dans le ciel gris fumé, cris perçants à l’appui,
Passe un héron cendré, d’une mouette suivi ;
Quelle étonnante scène en plein cœur de Paris !
Le nez à la fenêtre, j’en suis tout ébahie.
 
Le Sacré-Cœur ressort sur la ville assombrie ;
Sa blancheur éclatante la grisaille défie.
Une belle lumière éclaire les maisons,
Réchauffe l’atmosphère et balaie l’horizon.
 
Le ciel aquarellé s’est teinté d’anthracite ;
Un lavis gris foncé mêlé d’encre de Chine.
Les nuages de plomb se sont enchevêtrés
Cependant que l’orage à grands pas avançait.