Route de nuit, dans la forêt,
Soudain une biche apparaît !
Freinage long, tôle froissée ;
La biche a rejoint les fourrés.
Route de nuit, dans la forêt,
Soudain une biche apparaît !
Freinage long, tôle froissée ;
La biche a rejoint les fourrés.
– À ma fille –
Envole-toi, beau martinet,
Ne reste pas là, prisonnier
De ce voilage à fin maillage
Recouvrant les échafaudages !
Après avoir dû endurer
La migration que l’on connaît
Pour revenir dans nos contrées,
C’est un crève-cœur de te voir
Avec tes longues ailes noires
Repliées pour t’équilibrer,
Te démenant pour te hisser
Toujours plus haut, vers le sommet,
Puis de ton mieux te cramponner
À cette bâche carcérale
Sans rien pour te récompenser
D’autant d’énergie déployée ;
Admirable ténacité
D’un être épris de liberté,
Soudain captif et isolé,
Privé d’un espace vital,
Heurtant les perfides filets
Habillant ces mâts de métal.
Mais après tant de vains efforts,
Sans une once de réconfort,
Tu te blottis, découragé,
À l’extrémité du plancher,
Te retenant sans plus bouger
Avec tes minuscules pattes,
Vulnérable et désemparé.
***
On a fait ce que l’on pouvait
Pour que tu puisses te sauver,
Essayant de te diriger
Avec vigilance et respect
Vers une possible échappée ;
Comme la nuit était tombée,
Il a fallu se séparer,
Maintenant la toile entr’ouverte
Avec tous les moyens du bord,
Pour que cette bouffée d’air frais
Puisse revigorer ton corps ;
Et ce matin, avant l’aurore,
Tu t’étais enfin évadé
De ce redoutable guêpier,
Retrouvant le ciel azuré,
Et l’essentielle liberté
Qui sied aux messagers ailés…
Envole-toi, beau martinet !
De l’aube jusqu’au crépuscule,
Secrètement tintinnabulent
Les clochettes des campanules.
– À Karine –
Prendre le temps de s’arrêter
Devant une petite fleur,
Prendre le temps de regarder
La nature qui nous effleure
Et nous convie, sans plus tarder,
À décorseter notre cœur.
– À ma fille –
– Pour Yuki –
Qu’y a-t-il au fond de ses yeux,
Dans ses iris mystérieux
Veinés de dessins fabuleux
D’où émane cette lumière ?
Qu’y a-t-il dans ce regard clair
Aux longs cils ombrant les paupières,
Sur le fond ridé d’une mer
Où l’imagination se perd ?
Qu’y a-t-il au fond de ces eaux
Jouant dans l’éclat des vitraux
Avec l’absinthe des cristaux
De cette surface lunaire ?
Qu’y a-t-il dans ce lac troublant,
Traversé de courants changeants
Au fil de l’humeur et du temps,
Où vient se mirer la lumière ?