Le Surmulot

Pattes roses, ventre clair,

Billes noires, nez pointu,

Le Surmulot va et vient

Du soir au petit matin,

De son terrier aux poubelles,

Ne se cachant même plus

Quand il croise le chemin

D’un être du genre humain

Qui partage son terrain.

Il court sans se retourner,

Se faufile un peu partout,

Dans un jeu de cache-cache

Qu’il doit jouer avec nous,

Poursuivant en solitaire

Son alimentaire quête,

Pendant que ses enfants guettent,

Attentifs à ce manège,

Chacun ressortant la tête

Du gruyère de la terre.

Pattes roses, ventre clair,

Billes noires, nez pointu,

Le Surmulot n’ira plus

Du soir au petit matin,

De son terrier aux poubelles.

Il a croisé le chemin

Des pièges que les humains

Installent sur leurs terrains,

Et il gît là, sur le flanc,

Sans un regard des passants.

Hampe fleurie d’une Orchidée

– À ma mère –

Hampe fleurie d’une Orchidée

D’une virginale clarté,

Nous ayant offert tout l’été

Sa grappe de fleurs nivéennes

Fleurissant avec majesté

Puis, quand on les pense immortelles,

L’une après l’autre se dessèchent

Et dans un bruissement léger,

Détachées de la tige-mère,

Tombent dans leur robe froissée

Au pied des longues feuilles vertes

Quand leur voltige est terminée,

Quand ces douze danseuses frêles

Dans leur tutu de teinte crème

En papier de soie créponné,

Sur le sol se sont déposées

Elles gardent un doux mystère,

Continuant à nous charmer

Dans une œuvre d’art éphémère

Se déclinant à l’infini

Que l’on recompose à l’envi



Une collègue m’a dit :

« _ Tu fais quoi avec ton cimetière de fleurs ?

_ Ce n’est pas un cimetière !

_ Mais si, elles sont mortes !

_ C’est une Symphonie d’Automne…

_ Ah… »

Après la porte végétale

– À T. L.-C. –

Si l’on suit le petit sentier,

Après la porte végétale,

Un panorama préservé

Se dévoile à notre regard

Bosquet léger, fleurs de bruyère,

Feuilles rouillées dans les fougères,

Houx vernissé, perles cinabre,

Soldanelles, bouquets d’Onagre,

Mosaïque de paysages

D’une symphonie estivale

Dont les verts se sont déployés

Sur des pentes bien arrosées.

Les maisons basques accrochées

Sur ces déclinaisons boisées

Colorent le flanc des montagnes

De murs blancs aux toits carminés ;

Plus loin, le haut des monts sommeille

Dans une vapeur de nuages

Cependant qu’un tendre soleil

Vient caresser les pâturages.