Des cieux de graphite plombés

Des cieux de graphite plombés,

Des ramures enchevêtrées

Dans un décor de fin du monde

Et, dans ce ciel enténébré

Où les oiseaux volent en nombre,

Une lumière nous inonde,

Déchirant le voile des ombres,

Illuminant l’obscurité,

Éclaboussant de sa blancheur

Ces nuées métamorphosées,

Et faisant renaître en nos cœurs

L’espoir d’un avenir meilleur.

Deux mésanges charbonnières

Aux premiers rayons solaires,

Deux mésanges charbonnières

Volettent de-ci de-là

Autour de mes jardinières,

Picorant par-ci par-là

Le persil monté en graines

Ou l’insecte minuscule

Elles se perchent, légères,

Aussi vives que craintives,

Suspendues la tête en bas

Sur les branches oscillantes

Ou sur les tiges des plantes

Qui se cambrent sous le poids

De ces pelotes de plumes

Qui joliment zinzinulent

Puis, vite, se désaltèrent,

Et s’échappant d’un coup d’aile

Par où elles étaient venues,

Disparaissent dans les airs,

Se dérobant à ma vue.

Retour des Noctuelles

L’on peut convier qui l’on aime,

D’autres s’invitent d’elles-mêmes,

Telles ces rondes chenilles vertes

Qui colonisent les feuillages

Et festoient sans aucune gêne,

Dévorant tout sur leur passage.

C’est une question de dosage,

En témoigne le paysage

Désolé de mes jardinières ;

Dressant sa tige solitaire,

Le brocoli privé de tête

A perdu toute sa superbe

Et ce qu’il reste du rumex

Est la végétale dentelle

De ses nervures moins digestes…

C’est le retour des Noctuelles.

Lors, tu verras au loin

– À Thierry L.-C. –


Lors, tu verras au loin se pailleter la grève

Quand le soleil descend pour caresser la mer ;

Ce chemin de lumière sur les vagues d’argent,

Le sable mordoré sous les feux du couchant.

Tu verras les galets semés sur le rivage

Comme autant de tortues aux rondes carapaces,

Immobiles, luisant sous la blonde clarté,

Le sable qui ravine pour mieux les enchâsser ;

L’océan qui souligne d’un horizon liquide

Un ciel de fleurs de lin au pastel estompé,

Pris entre des nuées aux coloris poudrés

Qui déploient leur lueur et s’ombrent d’orangé.

Tu verras en ce lieu où éclot la beauté,

Face à l’immensité déployant ses attraits,

La crête découpée des lignes de rochers

Nous laissant deviner un relief indompté

Et, les pieds dans l’écume, un goéland poète,

Marine silhouette que l’on distingue à peine,

Scruter cet océan aux multiples facettes

Sans perdre une miette de la magique scène.

Une araignée dans les airs

Une araignée dans les airs
Se détache sur le ciel
D’un éther céruléen,
Suspendue à mi-chemin
Entre un platane encor vert
Et l’écran publicitaire
Affichant un mannequin
Dans des dessous de dentelle.
 
Une araignée acrobate,
Funambule sur un fil
Tendu de soie invisible
Flotte à hauteur de ma vue,
Indifférente à la rue
Où les voitures se pressent,
Un point perdu dans l’azur ;
Minuscule vie terrestre
Qui sait ce qu’elle doit faire.