Sur la plage

Des tortillons grisâtres
Filtrés par la myriade
D’organismes cachés,
Attendant la marée,

Le sable qui divague
En dunes bien serrées.
Des goémons qui claquent
Lorsque nos pieds éclatent
Leurs capsules bombées,

Des crevettes piégées
Sous le creux d’un rocher,
Par la mer retirée…
Une ophiure échouée.

Des arbres sans feuillage
Aux branches stylisées,
Creusés à la surface
Par le reflux du sable
Mêlé à l’eau salée,
Entraîné vers le large.

Les cercles qui s’étalent,
De différentes tailles,
Qui se brisent et qui laissent
Leur empreinte en relief,
Graphisme délicat
Rehaussé de mica,

Sont les traces brillantes
Que des vagues montantes
Et la marée suivante
Ont laissées sur la grève
Balayée par le vent,

Bien avant que se lève
Le jour qui nous amène
À fouler cette plage
Semée de coquillages.

La mer en son écrin
Emplit de gratitude
Nos âmes qui ont faim
Du manque de nature,

Nourrit nos cœurs chagrins
De bouffées d’air marin,
Comble l’incertitude
Des prochains lendemains,
Et nous apaise enfin.

Dame Lune

Debout dans un ciel sans nuage,
Dans la nuit bleue, elle me regarde
Avec la bonté souriante
D’une madone bienveillante.

Ronde et blanche, énigmatique,
Telle une reine hiératique
Qui veille sur notre sommeil,
En tête à tête, recueillies
Dans un nécessaire silence ;

Elle inspire nos confidences
Nous transmet force et énergie,
Relance projets et envies,
Nous pousse à aller de l’avant
Dès l’arrivée du jour suivant.

Les martinets

J’aime observer les martinets ;
Leur course folle dans l’été,
Leur contour élégant,
Silhouette effilée
Finement découpée,
Leurs ailes en faucille
Longues, fines, arquées…

J’aime leurs cris perçants,
Coups de sifflet stridents
Résonnant dans l’air frais,
Leurs ailes qui s’agitent
Et planent juste après…

Leur façon de foncer
Droit sur l’obstacle et l’éviter,
Sans crier gare, changeant de cap
Sans jamais pouvoir s’arrêter,
Dans des courses-poursuites
Des plus acrobatiques,
Vertigineux ballets
D’aérienne voltige
Qu’on s’étourdit à regarder.

Les yeux rivés sur eux,
Fascinée par leurs jeux
Grisée par leur vitesse,
J’admire leurs prouesses
Et ne peux me lasser
De l’incessante sarabande
Endiablée des martinets.

La mer

– À ma mère –


La mer, turquoise ou verte,
Bleue, grise ou argentée,
Quand la lune se mire
Dans ses remous jaspés.

La mer, d’huile ou brassée,
Ourlée d’écume blanche,
Parsemée de moutons
De mousse vacillante.

La mer, digne et rebelle,
Éclaboussant la digue
De mille gouttelettes
De diamants qui déferlent
Et viennent s’échouer
Sur la plage, à nos pieds.

La mer, puissante et belle,
Charriant des litres d’eau
Dans d’immenses rouleaux
Qui fouettent les rochers,

Dans un bruit fracassant,
Vacarme assourdissant
Où se mêle, strident,
Le cri du goéland.