Laissez-moi vous offrir

– À mes amis,

et à tous ceux qui ont un temps souffert de la chaleur extrême dans l’été triomphant –

Laissez-moi vous offrir la fraîcheur des embruns,

L’éclat de la rosée sur l’herbe du jardin

Se parant de cristaux dans le petit matin,

Et scintillant des feux de l’astre de clarté

Laissez-moi vous offrir l’air agitant les palmes,

Les feuillages qui dansent dans les grands châtaigniers,

Le ciel ennuagé qui complète sa gamme,

Le vol des goélands, des choucas et des geais

Laissez-moi vous offrir le vent dans les ramures,

Le lièvre qui détale au premier mouvement,

L’averse ou le crachin hachurant les toitures,

Les couleurs de l’aber changeant au fil du temps

Laissez-moi vous offrir l’eau salée transparente,

Le sable doux et fin où s’enfoncent les pieds,

La longue chevelure des algues nonchalantes

Se mouvant dans les vagues avant de s’échouer

Laissez-moi vous offrir l’horizon gris et mauve,

l’indomptable océan qui bondit et s’ébroue,

Projetant son écume de la poupe à la proue

Des bateaux de pêcheurs partis bien avant l’aube

Laissez-moi vous offrir la majesté sauvage

D’une nature fière puisant dans son langage

Pour préserver des siècles son authenticité,

S’enracinant toujours contre vents et marées

Laissez-moi vous offrir un peu de la Bretagne

Qui chante dans mon cœur et vivifie mon âme,

Qui m’inspire ces vers et toujours m’accompagne

Par les celtes accents qui en sont le sésame

Roulé-boulé dans la poussière

Roulé-boulé dans la poussière,

Aiguilles sèches et graviers,

Pour une étreinte mortifère

Où l’on ne peut pas distinguer

Les combattants dans la mêlée.

Après l’attente interminable

D’une issue qui semblait fatale,

Nous laissant le souffle coupé ;

Dans l’air étouffant de l’été

Le frelon son étau relâche,

Par je ne sais trop quel miracle,

S’envolant sans se retourner

Sous le couvert sombre des arbres

Il reste à terre une cigale

Qui ne sait plus où elle en est.

Plumbagos éclatants

– À Bruno S. –

Plumbagos éclatants, au bord de la piscine ;

Doux camaïeux de bleus sous un ciel insolent

Dont l’azur implacable aux intenses pigments

Ajoute ses reflets au turquoise liquide

Petites fleurs bleutées aux pétales fragiles,

Détachées une à une au fil des jours passés,

Tombent en se collant le long d’une eau limpide,

Sur les contours boisés où chaque pas dessine

Son empreinte mouillée, si vite évaporée

Un papillon Machaon

– À mon père –

Un papillon Machaon volète de-ci de-là,

De gros bourdons veloutés s’activent ici et là

Dans un ballet bourdonnant, au cœur des bougainvillées,

Trop heureux de butiner ce pollen aux grains ambrés.

Ce petit monde s’agite, diligent et affairé ;

Une abeille charpentière aux ailes d’un noir bleuté

Passe, tel un bombardier, pour s’en aller visiter

Les buissons de genêts pourpres et de sauges carminées.