Sourire de lune
Flocons de nuées
Fantaisie nocturne
Rêves étoilés
Sourire de lune
Flocons de nuées
Fantaisie nocturne
Rêves étoilés
Le soleil s’est levé au-dessus de la ville
Brasier incandescent sur les toits blancs de givre
La jardinière d’eau réservée aux oiseaux
S’est changée dans la nuit en un bloc de granit
Le beurre éparpillé en tout petits morceaux
N’est pas resté longtemps sur les herbes gelées,
Les trois pies à l’affût ne s’y sont pas trompées,
Les picorant du bec avec avidité
Puis sont venues, discrètes, les belles à collier
Fidèles tourterelles, robe beige rosé,
Délicatesse même et douceur incarnée,
Craintives à l’excès mais assez affamées
Pour venir explorer les recoins oubliés,
Osant pour l’occasion tenir tête aux pigeons
Pour sauver quelques graines de tournesol doré
De leur gloutonnerie à peine rassasiée.
Chamailleries de mouettes
Au-dessus de nos têtes ;
Dans la pâleur du ciel,
Leurs vives silhouettes
En bruyant équipage
Pour un temps ont pris place
Sur la fine rambarde
De ce haut bastingage
À demi effacé
Par les nappes poudrées
D’un brouillard plus épais.
– À ma fille –
Dans l’aube renaissante, quand l’air est respirable,
La famille Rouge-queue au pit pit assidu
S’envole et disparaît dans le buisson touffu ;
Les petites mésanges qui jouent dans le mûrier,
S’agrippant au vieux mur piquent avec succès
Tout insecte imprudent passant un peu trop près
Un lézard des murailles, l’œil toujours aux aguets,
Se gorgeant de soleil sur le brûlant muret,
File sans hésiter au premier bruit suspect
Dans quelque infime faille, esquivant le danger
La tonnelle de vignes aux grappes opulentes ;
Le vol lourd des frelons dans l’été surchauffé ;
Le figuier plein de fruits à la chair parfumée,
Vert tendre ou lie-de-vin, régal à déguster,
Détachés sans effort en laissant sur les branches
Quelques lambeaux sucrés, des guêpes convoités
Les quilles finlandaises, vissées dans les graviers,
Sous l’ombre bienfaisante du tilleul argenté
Dont les feuilles cordées abritent, familiers,
Des milliers de gendarmes aux masques contrastés
C’est le temps des vacances, lentement savouré,
Moment tant espéré où l’on peut musarder
Et s’allonger dans l’herbe pour simplement rêver.
Le voleur d’œuf a frappé
Et je n’ai rien remarqué ;
Je ne me suis absentée
Pourtant qu’un très court instant
Mais les deux jolis œufs blancs
De la pigeonne hébergée
Se sont volatilisés
Comme par enchantement
Qui les a subtilisés ?
Est-ce une pie affamée,
Où la corneille qui erre
Sur le toit de graviers,
Recherchant un aliment
À se mettre sous la dent
Pour le petit déjeuner ?
Rien ne peut les accuser.
Le voleur incriminé
Ne sera pas inquiété ;
Il a repris sans tarder
Le cours de sa destinée.