Branche de seringat
Laissée sur le trottoir ;
Cadeau que je reçois
Comme un présent du soir
Dont j’emporte avec joie
Le parfum délicat.
Branche de seringat
Laissée sur le trottoir ;
Cadeau que je reçois
Comme un présent du soir
Dont j’emporte avec joie
Le parfum délicat.
Astre blanc entre les nuages,
Soleil laiteux, temps suspendu ;
Dans le petit matin brumeux
La douceur grise se propage
Et sous ce voile descendu
Les heures filent une à une ;
Dans le petit matin frileux
Nos vies s’écoulent peu à peu
– À ma fille –
Forêt profonde aux troncs serrés
Lignes brouillées, stries ondulées,
Reflets tremblants sur l’eau ridée
D’un étang où les ombres noires
N’en finissent pas d’osciller,
Troublant l’éclat de son miroir
Et sur ces rameaux projetés,
Dans ce décor particulier
Zébrant de fusain l’eau limpide,
Un cygne passe, immaculé,
Poursuivant sa route, impassible
Voit-il éclore sa beauté
Ou sa grâce se refléter
Sur l’ondoyant tapis liquide ?
Sait-il seulement qui il est,
Sous son apparence impavide ?
Le bel oiseau majestueux
Ignore son reflet qui danse
Sur un fluctuant camaïeu
De beiges, de bruns et d’orange
Et, lissant ses rémiges blanches,
Il passe comme une évidence
Sillage d’eau et de duvet,
Esprit des eaux ou des forêts
Venu ce soir nous visiter
Pour laisser la sérénité
Gagner nos âmes égarées.
C’est le temps des nids ; comme il est charmant
L’incessant ballet que font les jolis
Passereaux pressés de venir glaner
La mousse douillette ou le fin duvet
Jardinant ainsi avec frénésie
Autour des buissons aux mauves bouquets
De la centaurée qui toujours fleurit
Devant la fenêtre où je les épie
Le bec étoffé de sèches brindilles
Faisant aux oiseaux d’étranges moustaches,
Silhouettes vives aux légers panaches,
Ils s’en vont soudain pour aller tresser
Les trésors cueillis à chaque becquée.
– À mon père –
Un croissant d’or dans la nuit brune ;
Quartier d’agrume, taillon de lune,
Kumquat confit ou mandarine
Pulpe d’orange translucide
Au fond du ciel où l’astre luit,
Tel un rayon de miel liquide
C’est un trésor offert à ceux
Qui n’auront pas fermé les yeux.