Le temps des nids

C’est le temps des nids ; comme il est charmant
L’incessant ballet que font les jolis
Passereaux pressés de venir glaner
La mousse douillette ou le fin duvet
 
Jardinant ainsi avec frénésie
Autour des buissons aux mauves bouquets
De la centaurée qui toujours fleurit
Devant la fenêtre où je les épie
 
Le bec étoffé de sèches brindilles
Faisant aux oiseaux d’étranges moustaches,
Silhouettes vives aux légers panaches,
Ils s’en vont soudain pour aller tresser
Les trésors cueillis à chaque becquée.
 

Des cieux de graphite plombés

Des cieux de graphite plombés,

Des ramures enchevêtrées

Dans un décor de fin du monde

Et, dans ce ciel enténébré

Où les oiseaux volent en nombre,

Une lumière nous inonde,

Déchirant le voile des ombres,

Illuminant l’obscurité,

Éclaboussant de sa blancheur

Ces nuées métamorphosées,

Et faisant renaître en nos cœurs

L’espoir d’un avenir meilleur.

Deux mésanges charbonnières

Aux premiers rayons solaires,

Deux mésanges charbonnières

Volettent de-ci de-là

Autour de mes jardinières,

Picorant par-ci par-là

Le persil monté en graines

Ou l’insecte minuscule

Elles se perchent, légères,

Aussi vives que craintives,

Suspendues la tête en bas

Sur les branches oscillantes

Ou sur les tiges des plantes

Qui se cambrent sous le poids

De ces pelotes de plumes

Qui joliment zinzinulent

Puis, vite, se désaltèrent,

Et s’échappant d’un coup d’aile

Par où elles étaient venues,

Disparaissent dans les airs,

Se dérobant à ma vue.

Retour des Noctuelles

L’on peut convier qui l’on aime,

D’autres s’invitent d’elles-mêmes,

Telles ces rondes chenilles vertes

Qui colonisent les feuillages

Et festoient sans aucune gêne,

Dévorant tout sur leur passage.

C’est une question de dosage,

En témoigne le paysage

Désolé de mes jardinières ;

Dressant sa tige solitaire,

Le brocoli privé de tête

A perdu toute sa superbe

Et ce qu’il reste du rumex

Est la végétale dentelle

De ses nervures moins digestes…

C’est le retour des Noctuelles.