Une goutte échappée

Une goutte échappée sur la plaque électrique

C’est un mini ballet spontané, sans musique ;

C’est une perle d’eau ardente et frénétique ;

La goutte de rosée sur les sillons d’un disque

Dansant son mouvement telle une vraie soliste,

Vive chorégraphie fusant de tous côtés,

Avant de s’arrêter au centre de la piste

Parcourue de sursauts, puis juste soulevée

Par la respiration de son corps transparent,

Jusqu’à dissolution de l’eau dans le néant

Un pur moment de grâce inspirant ma journée

Pour ne rien laisser d’autre que la seule beauté

Du souvenir tremblant, fugace et éthéré,

D’une larme d’argent trop vite évaporée.

Au rayon poésie

Je recherchais en vain le rayon poésie,

Après avoir erré longtemps dans les allées

J’interpelle un vendeur qui me dit :« C’est ici :

Nous l’avons déplacé car on s’est agrandi ! »

Quoi, ce petit comptoir exigu et austère

Où l’on peut se pencher et s’accroupir à peine ?!

L’offre s’est élargie, mais pas en poésie !

Comment un tel endroit peut-il donner envie

De plonger dans un livre pour y cueillir des vers

Qui donnent à nos jours leur comptant de lumière ?

Je regarde ce lieu tellement peu amène,

Et ressors sans tarder, déconfite et amère

Sans avoir déniché dans un recueil la flamme

Des vers que j’espérais voir éclairer mon âme.