Emma

– À Emma Zakarian –

– À l’Hospitalité Arménienne –

Elle est là, sobre et digne, s’affairant ça et là

Pour que tout soit fin prêt au moment du repas.

Ne parlant pas sa langue, j’essaie de déchiffrer

Son beau visage grave par la guerre éprouvé.

Je suis son invitée et, pour me contenter,

Généreuse elle sert trois belles assiettées

De Tolmas préparés avec amour la veille ;

Leur farce parfumée d’herbes aromatiques

Si bien empaquetée dans des feuilles de vigne,

Dans leur jus mijotés, régalent mes papilles.

Pour les accompagner, une salade fraîche

De belles crudités croquantes, colorées,

Qu’une sauce onctueuse, douce au yaourt aillé,

Telle neige au sommet vient juste relever ;

Coriandre et basilic viennent s’y ajouter

Dans un bouquet d’arômes joliment composé.

Plus tard elle offrira en signe d’amitié

La montagne et la croix qui gardent ses racines,

Afin de partager un peu de la magie

Des lieux qu’elle chérit ; si vivante Arménie !

Escapade Lyonnaise

– À Anna M. –

Nous cheminerons encore au parc de la Tête-d’Or,

Sous les effluves sucrés des magnolias éployés

Nous viendrons nous inspirer aux pieds de cet homme aimé,

Héros du ciel célébré dont la plume a enchanté

L’âme de tant d’écoliers par cet enfant jardinier,

Doux Petit Prince égaré aux cheveux d’épis de blé,

Et touché celle des grands dans ses récits passionnants

Nous irons nous incliner parmi les stèles levées,

Hommage des survivants aux millions de sacrifiés

Invitant celui qui passe à se regarder en face,

Interrogeant sa conscience dans un émouvant silence

Que le souvenir vivace de ces mots poignants écrits

Laisse dans nos cœurs la trace d’une espérance trahie

Nous irons nous recueillir en ces lieux où l’art sacré

Par son absolue splendeur nous laisse la bouche bée,

Amenant le visiteur à la spiritualité

Portée par les créateur de ces œuvres érigées

À la gloire de Marie ; fabuleuse basilique

Protégeant tel un joyau de précieuses mosaïques

Et de superbes vitraux

Nous cheminerons encore au parc de la Tête-d’Or,

Sous les effluves sucrés des magnolias éployés

Retenir son rêve

Tenter de retenir son rêve

Et vite aller se recoucher,

Se reglisser dessous la couette,

Paupières promptement fermées

Pour ne rien laisser s’échapper

Garder la même position

Pour retrouver les sensations,

L’atmosphère à peine effleurée,

D’une existence parallèle

Qui semble s’être évaporée

Se replonger avec conscience

Au cœur d’un songe inachevé

Que l’on poursuit sans réticence,

Par son dénouement intrigué,

Afin d’en découvrir les clefs

Ba Bao Cha* du Dragon

– À T. L.-C. –

L’effluve qui s’exhale, embaumant l’atmosphère,

Prolongeant le délice des boissons éphémères,

A des parfums de pomme, de rose, de jasmin,

Des arômes gourmands de mangue et de letchi

Réconfortant le corps aussi bien que l’esprit

La tasse aux éventails avec sa ronde assise

Se love, délicate, dans le creux de la main,

Diffusant sa chaleur au toucher de la peau

Tel un cœur apaisant partageant son tempo,

Les doigts enveloppant la porcelaine fine

Thé bleu, raisin, thé vert, c’est tout un univers

Qui infuse nos sens par ce plaisant breuvage

Et le Dragon se perd dans l’encre de la tasse

Pour se réinventer au gré de nos papilles

Nous insufflant sa force et sa belle énergie

Diffusées peu à peu dans le sang de nos veines

Par la lente magie d’un philtre de ginseng

Aux écorces d’orange et aux baies de goji


* Thé aux huit trésors.