Quitter Paris

– À mes parents –

Ombres nocturnes, lueurs de l’aube,

Un entre-deux où l’on survit

Après des jours insupportables

De chaleur lourde irrespirable

Qui ne s’achève pas la nuit

La gare, au lever de l’aurore,

Dans un camaïeu de nuages

Où flotte le drapeau français,

Et les balayeurs qui s’activent

Au pied de la Tour Montparnasse

Avant l’afflux des vacanciers


Quitter la touffeur de la ville,

Abandonner la capitale,

Laisser de côté son travail,

Les contraintes et les soucis,

Le temps de retrouver son âme

Entre le granit et l’ardoise

Les hortensias et les fougères,

Pour respirer la mer d’Iroise

Les ajoncs d’or et la bruyère

Guéridon bleu et balconnet

– À ma fille –

Guéridon bleu, balconnet ;

Un parfum de basilic

Flotte dans l’air traversé

Par une légère brise

Qui passe d’un air badin,

Éventant la canopée

Des aiguilles en bouquets

À la cime des grands pins

Depuis l’aube les cigales

Font entendre leurs cymbales

Qui vibrent avec entrain

Dans la douceur du matin

Qu’il est bon de se poser

Dans ce petit coin coquet,

S’adonnant à l’écriture

Dans un écrin de nature

Où l’esprit demeure en paix

La Dame de Baden-Baden

– À la Dame aux roses de Baden-Baden –
– À Thierry L.-C. –


La Dame de Baden-Baden

Est apparue soudainement,

De sa blondeur auréolée,

S’avançant de son pas léger

Avec un sourire éclatant

La Dame de Baden-Baden,

Élégante et sophistiquée,

Évoluait de table en table

Tout en proposant avec grâce

Ses roses fraîchement coupées

La Dame de Baden-Baden

S’adressait à ceux qui venaient

En ces lieux calmes pour dîner,

Et courtoisement devisait

En laissant son charme opérer

La Dame de Baden-Baden

Avait disposé ce bouquet

De corolles à peine écloses,

Aux beaux coloris contrastés,

Sur un plateau d’osier tressé

La Dame de Baden-Baden

Me les fit toutes admirer,

Et je choisis ma préférée

Parmi ces florales beautés ;

La pourpre aux pétales ourlés

Que vous m’offrîtes galamment,

En souvenir de ces moments

Loin du tumulte de ce temps,

Après avoir complimenté

La belle Dame qui passait

Ce soir-là, à Baden-Baden

Emma

– À Emma Zakarian –

– À l’Hospitalité Arménienne –

Elle est là, sobre et digne, s’affairant ça et là

Pour que tout soit fin prêt au moment du repas.

Ne parlant pas sa langue, j’essaie de déchiffrer

Son beau visage grave par la guerre éprouvé.

Je suis son invitée et, pour me contenter,

Généreuse elle sert trois belles assiettées

De Tolmas préparés avec amour la veille ;

Leur farce parfumée d’herbes aromatiques

Si bien empaquetée dans des feuilles de vigne,

Dans leur jus mijotés, régalent mes papilles.

Pour les accompagner, une salade fraîche

De belles crudités croquantes, colorées,

Qu’une sauce onctueuse, douce au yaourt aillé,

Telle neige au sommet vient juste relever ;

Coriandre et basilic viennent s’y ajouter

Dans un bouquet d’arômes joliment composé.

Plus tard elle offrira en signe d’amitié

La montagne et la croix qui gardent ses racines,

Afin de partager un peu de la magie

Des lieux qu’elle chérit ; si vivante Arménie !

Escapade Lyonnaise

– À Anna M. –

Nous cheminerons encore au parc de la Tête-d’Or,

Sous les effluves sucrés des magnolias éployés.

Nous viendrons nous inspirer aux pieds de cet homme aimé,

Héros du ciel célébré dont la plume a enchanté

L’âme de tant d’écoliers par cet enfant jardinier,

Doux Petit Prince égaré aux cheveux d’épis de blé,

Et touché celle des grands dans ses récits passionnants.

Nous irons nous incliner parmi les stèles levées,

Hommage des survivants aux millions de sacrifiés

Invitant celui qui passe à se regarder en face,

Interrogeant sa conscience dans un émouvant silence

Que le souvenir vivace de ces mots poignants écrits

Laisse dans nos cœurs la trace d’une espérance trahie.

Nous irons nous recueillir en ces lieux où l’art sacré

Par son absolue splendeur nous laisse la bouche bée,

Amenant le visiteur à la spiritualité

Portée par les créateurs de ces œuvres érigées

À la gloire de Marie ; fabuleuse basilique

Protégeant tel un joyau de précieuses mosaïques

Et de superbes vitraux.

Nous cheminerons encore au parc de la Tête-d’Or,

Sous les effluves sucrés des magnolias éployés.