L’ascension de la licence

– À ma fille –


L’ascension de la licence n’est pas une mince affaire,
Il faut tenir la distance, ne pas se laisser distraire ;
Pouvoir garder la cadence sans se laisser submerger,
Avec le sourire aux lèvres et un moral d’acier,
La tête sur les épaules, le cerveau bien entraîné,
Travailler à bon escient, savoir se déconnecter.
 
L’ascension de la licence se gravit par paliers,
Il faut franchir les étapes pour atteindre le sommet
Savoir plancher sans flancher sur un solide mémoire,
S’il est dans une autre langue c’est encore une autre histoire.
Il faut être rigoureux, peaufiner ses arguments,
Transmettre son intérêt pour le sujet préparé,
Soigner la présentation et l’envoyer dans les temps.
 
L’ascension de la licence, même en étant confiné,
Demande une soutenance orale bien maîtrisée ;
Montrer les capacités que l’on a pour enseigner,
Préparer un récital d’excellente qualité
Où l’on joue dans un ensemble, et soliste confirmé,
Avec l’envie de mieux faire et chaque fois progresser.
 
L’ascension de la licence demande de la santé
Du souffle et de l’endurance pour pouvoir se dépasser,
Un appartement glacé stimule la vigilance
Et l’humour est un recours qu’il ne faut pas négliger,
Car il aide à surmonter les circonstances stressantes
Même s’il ne suffit pas à combler ses défaillances ;
C’est par la persévérance que l’on peut y arriver.
 
L’ascension de la licence que l’on vient de terminer
Permet de pouvoir enfin pour un temps se reposer,
Profitant de cette vie qui était mise sous clef,
Et de recevoir sans doute les lauriers bien mérités
De ces années de labeur où l’on donne sans compter
Son énergie, sa jeunesse, pour un diplôme exigé
Dans le métier souhaité… Gage de sécurité ?
 
 

La petite brodeuse

Qu’est devenue la petite brodeuse
Qui nous venait du pays des violettes,
Et dont l’accent était plein de couleurs ?
Où s’est perdu son talent de conteuse ?
Son âme est triste, elle n’est pas heureuse,
Elle qui était si fraîche et naturelle !
 
Qu’est devenue la fine musicienne
Qui jouait de la flûte traversière
Et possédait tant de cordes à son arc ?
Quand elle chantait dans une chorale
Où elle aimait se fondre avec bonheur,
Je ressentais cette joie intérieure.
 
Qu’est devenue la petite brodeuse
Qui nous venait du pays du soleil ?
Son cœur est las et son âme se perd
Dans une vie où elle est prise au piège
Loin de ses aspirations, de ses rêves.
 
Qu’est devenue la frêle jeune femme
Qui nous venait du pays des cigales ?
Ses yeux sont graves, et ils s’embuent de larmes
Dès qu’une voix se fait plus amicale.
 
Églantine native de la cité Mondine,
Ses pétales s’étiolent chaque jour un peu plus ;
J’aimerais tellement lui rendre son sourire
Sa voix chantante et ses yeux qui pétillent,
Pour que sa joie toujours se perpétue.

L’oubli

– À mon cher oncle –


Oublier peu à peu, lentement, par degrés,
Toutes les belles choses que l’on avait aimées,
Oublier cette vie modeste de labeur
Où l’on a savouré chaque petit bonheur
 
Oublier les paroles, oublier les visages,
Ceux qui nous ont porté, guidé jusqu’à cet âge,
Ceux qui nous ont promis des châteaux en Espagne,
Ceux qui nous ont offert un bateau, une escale
 
Oublier son enfance et les combats menés,
Ceux qui nous ont permis de laisser une trace
Et de se regarder sans honte dans la glace ;
Oublier la présence des proches désarmés,
 
Oublier son passé.

Le jour de la Saint Juste

Le jour de la Saint Juste,

Sur l’autel des prières,

J’ai allumé un cierge

Pour votre beau pays


Après toutes vos peines,

Grâce à cette neuvaine,

Viendra bientôt j’espère

La paix en Arménie.


Le jour de la Saint Juste,

Sur l’autel des prières,

J’ai allumé un cierge

Pour votre cher pays


Afin que la lumière

De notre humanité,

Qui brille pour les Justes

Œuvrant sur cette Terre,


Garde en son feu sacré

Nos sœurs et nos frères

D’Artsakh et d’Arménie,

Et préserve leur vie.

Au numéro vingt-deux

C’était notre maison, c’était notre demeure,
Un lieu cher à nos cœurs, chaleureux et ouvert
Où l’on se retrouvait toujours avec bonheur,
Pour parler de la vie, dès que nous le pouvions.
C’était ton univers et nous le partagions
Tout naturellement, comme si ces moments
Qui nourrissent l’esprit devaient durer cent ans.
 
C’était notre maison et c’était mon refuge,
Loin du monde bruyant et de ses subterfuges,
L’intime confidence balayant mes scrupules
D’être une funambule sur le fil des espoirs
Tissés dans ton regard, sans autre échappatoire
Que suivre jusqu’au bout l’écheveau déroulé
Qui réconforte l’âme et guide les pensées.
 
C’était notre maison, un endroit hors du temps,
Un lieu de création, d’échange, de partage,
Où venaient discuter tes amis de passage
Grignotant sur le pouce et trinquant au présent.
C’était notre maison et ta voix l’habitait
Des œuvres et des noms d’illustres personnages
Et des douces chansons qui traversent les âges.
 
C’était notre maison et c’était notre abri,
Témoin de nos élans et de tous les soucis
Qui grignotent les jours et nous gâchent la vie…
C’était notre maison, mais elle ne l’est plus ;
Cette page est tournée, nous n’y reviendrons plus.