Une bouteille à la mer

– À Hovhannès –

Tout tenter, encore et toujours,

Lancer sa bouteille à la mer,

Écrire des mots et des vers

À disperser aux alentours,

Célébrer la beauté, l’amour,

Partager son regard sans trêve,

Ouvrir son cœur de troubadour

Laisser libre cours à ses rêves.

Lancer sa bouteille à la mer,

La laisser longtemps dériver,

Pour venir enfin s’échouer

Sur le sable fin d’une grève

Où certains passeront tout près,

Sans la voir ni s’y attarder,

Ignorant que ces mots flottés

Pourraient retourner à la mer.

Mais si l’on vient la ramasser,

Intrigué par l’éclat du verre

Sur ce message préservé

Venu d’on ne sait où sur terre,

Débouchant le flacon scellé,

Les mots s’envoleront d’eux-mêmes

Du feuillet enfin déroulé,

Telle la chanson des sirènes,

Et le promeneur solitaire,

Étonné par sa découverte,

S’enivrant de mots et de vers,

Verra le jour s’illuminer.

Pluies torrentielles

Nuées sinistres, pluies torrentielles,

Sol détrempé, cave inondée,

Pignon liquide, mur imbibé,

Route noyée, peau traversée

Et parmi les êtres pressés

De se mettre vite à l’abri

D’un déluge presqu’irréel,

Dans leurs sombres manteaux de nuit,

Courant sous ces dômes de jais

Luisant telles des obsidiennes,

Par le toit rond d’un parapluie

Au refuge providentiel,

Se promène un vif arc-en-ciel

Sur le phare

– À T. L.-C. –

Deux cents marches plus tard,*

Debout en haut du phare,

Cette vue imprenable

Sur le vaste océan

Pris entre roche et sable,

L’horizon nous fait face

Et l’on tutoie l’espace

Dans la peau d’un géant

Deux cents marches plus tard,

Entre ciel et nuages,

Embrassant du regard

Ce décor inspirant

Le corps au Pays Basque

La tête dans le vent ;

Il suffirait d’un rien,

Juste avancer la main,

Pour toucher la beauté

Et connaître la grâce,

Debout en haut du phare,

Entre ciel et nuages




* Il faut gravir 248 marches exactement pour atteindre le sommet

du phare de Biarritz, haut de 73 mètres et offrant une belle vue

panoramique entre Landes et Pays Basque, jusqu’aux Pyrénées !