Automne aux Tuileries

Au jardin des Tuileries,

Arbres roux, blondes allées,

Éclats d’or dans les ramilles,

Feuilles mortes sous nos pieds.

Marronniers d’Inde roussis,

Folioles dentelées,

Nervure verte adoucie

D’ambre et de jade rouillé.

Un carrousel d’autrefois,

Au milieu de ce jardin,

Procure un moment de joie

À quelques rares bambins ;

Chevaux de bois qui s’élancent,

Tournant au son des refrains

Des chansons de mon enfance

Qui se perdent au lointain.

Au jardin des Tuileries,

Arbres roux, blondes allées,

Éclats d’or dans les ramilles,

Feuilles mortes sous nos pieds.

Il neige des pétales

– Pour Anna –


Il neige des pétales

Sur la terre meurtrie,

Symphonie pastorale

Des vergers d’Arménie ;

Il danse des flocons

Sur les arbres transis

Et montent des chansons

De leurs blanches ramilles ;

Il tombe des flocons

Sur les maisons blotties

Et les ventres féconds

S’arrondissent de vie ;

Il pleure des flocons

Sur les arbres fleuris,

Mais le printemps demeure

Et se rit des fusils.

Sous l’écorce brunie

Sous l’écorce brunie

La sève se prépare ;

Les graines en dormance

S’éveillent sans un bruit,

Et les tendres pétales

Repliés dans la nuit,

Les premiers de cordée

Dans l’air froid qui sévit,

Défiant les gelées

À l’aube de leur vie,

Déploient leur soie gaufrée

Sous le soleil qui luit.

Quand viendras-tu, Chéri,

Poursuivre ta romance ?

Le printemps recommence,

Le printemps est ici.