La nuit descend déjà
Et le jour s’est enfui,
Un jour bien morne et gris
Cadencé par la pluie
La nuit tombe tout bas
Sur la terre assoupie,
Et nos âmes languies
Sont bercées par la pluie
La nuit descend déjà
Et le jour s’est enfui,
Un jour bien morne et gris
Cadencé par la pluie
La nuit tombe tout bas
Sur la terre assoupie,
Et nos âmes languies
Sont bercées par la pluie
Un jour avec et un jour sans
Douceur et pluie, soleil et vent
L’automne file entre nos doigts
Et l’hiver approche à grands pas
Au jardin des Tuileries,
Arbres roux, blondes allées,
Éclats d’or dans les ramilles,
Feuilles mortes sous nos pieds.
Marronniers d’Inde roussis,
Folioles dentelées,
Nervure verte adoucie
D’ambre et de jade rouillé.
Un carrousel d’autrefois,
Au milieu de ce jardin,
Procure un moment de joie
À quelques rares bambins ;
Chevaux de bois qui s’élancent,
Tournant au son des refrains
Des chansons de mon enfance
Qui se perdent au lointain.
Au jardin des Tuileries,
Arbres roux, blondes allées,
Éclats d’or dans les ramilles,
Feuilles mortes sous nos pieds.
– Pour Anna –
Il neige des pétales
Sur la terre meurtrie,
Symphonie pastorale
Des vergers d’Arménie ;
Il danse des flocons
Sur les arbres transis
Et montent des chansons
De leurs blanches ramilles ;
Il tombe des flocons
Sur les maisons blotties
Et les ventres féconds
S’arrondissent de vie ;
Il pleure des flocons
Sur les arbres fleuris,
Mais le printemps demeure
Et se rit des fusils.
Sous l’écorce brunie
La sève se prépare ;
Les graines en dormance
S’éveillent sans un bruit,
Et les tendres pétales
Repliés dans la nuit,
Les premiers de cordée
Dans l’air froid qui sévit,
Défiant les gelées
À l’aube de leur vie,
Déploient leur soie gaufrée
Sous le soleil qui luit.
Quand viendras-tu, Chéri,
Poursuivre ta romance ?
Le printemps recommence,
Le printemps est ici.