AVC

Lorsque survient l’attaque
Cela ne prévient pas.
C’est un coup de matraque
Qui nous laisse sans voix.
 
On s’estime lésé
Au plus profond de soi
En se trouvant privé
D’une partie de soi.
 
Devenu prisonnier
De ce corps familier
Qui lors ne répond pas
Comme on le souhaiterait,
 
Il nous faut entamer
Un long cheminement
Pour pouvoir accepter
Cette réalité
Qui s’impose pourtant.
 
Certains perdent l’envie
De vivre qu’ils avaient ;
Parfois ils se renferment
Et pleurent en silence,
Clôturant leur histoire
Murés dans leur souffrance.
 
D’autres, plus révoltés
Trouvent un exutoire
Pour vider leur colère
Et jamais ne tolèrent
L’idée même de perdre,
Faute d’autonomie,
Leur liberté chérie.
 
D’autres, pleins de regrets,
Ouvertement s’accusent,
Présentent leurs excuses
Pour l’embarras causé ;
Tellement malheureux
D’être ainsi dépendants
De proches dévoués…
 
Et toute la candeur
Qui paraît dans leurs yeux
Dépasse leur douleur ;
Mais leur regard touchant
Nous broie de l’intérieur.

Amour secret

Réflexions après la lecture du poème de Félix Arvers : « L’amour caché »  


Un amoureux transi qui ne s’annonce pas,
Une femme inconsciente de la chance qu’elle a
D’inspirer un amour aussi beau que sincère…
N’est-ce pas, à vrai dire, un brin paradoxal ?
 
Ainsi que Cyrano pour la belle Roxane
Combien de soupirants ont préféré se taire
Plutôt que d’avouer leurs plus tendres penchants
À l’élue de leur cœur, brisant là toute chance
Si minime soit-elle de vivre pleinement,
Dans toute sa lumière, leur destin singulier ;
Et craignant de tout perdre sont passés à côté
D’un certes hypothétique, mais possible pourtant,
Dénouement positif à l’avenir riant… ?
 
Vous redoutez le pire, pourquoi cette frayeur ?
On peut-être éconduit et trouver le bonheur
Auprès d’un autre cœur un peu trop solitaire,
Car il y a sur Terre tant d’âmes délaissées
Ne demandant pas mieux que de connaître enfin
L’amour même imparfait, promis par les humains,
Qui apporte parfois son épilogue heureux
À celui ou à celle qui garde une fenêtre
Ouverte sur son cœur, en rêvant d’être deux…

Le feu couve

Le feu couve sous la braise
Invisible sous la cendre
Mais redoutable quand même
Par sa chaleur dévorante
 
Le feu mordant se camoufle,
Il suffit d’un simple souffle
Pour que rougeoie le bois noir
Et que crépite la sève
Qui éclate sous la langue
Des redoutables flammèches.
 
Des escarbilles brûlantes,
Incandescents vers luisants,
Tournoient un peu dans les airs
Et s’éteignent dans le soir.
 
Plus légère qu’un duvet,
La cendre grise s’élève
Avant de se disperser
Dans la chaleur de la nuit
Rougie par cet incendie.

Tes yeux

Lorsque tu es content
Tes yeux sont éclatants,
Ils brillent en reflétant
Les rayons du soleil.

Lorsque tu es soucieux
Tes yeux se font plus sombres,
On assiste, curieux,
Au défilé des ombres
Cachées sous tes paupières.

Lorsque tu es fâché,
Tes yeux sont plus foncés.
Tu fronces les sourcils
Et l’on voit tes pupilles
Se rétracter un peu.

Quand tu es en colère
Ton regard vire au noir,
Profond comme un nuage
Épais d’encre de seiche,
Et lance des éclairs ;

Gare alors à celui
Qui l’aura provoquée
Et viendra se dresser
Inconscient devant toi…
Il s’en mordra les doigts.