Pourquoi ce petit minois

– À C. –

Pourquoi ce petit minois
Qui s’échappe en tapinois ?
Pourquoi ce regard éteint
Qui se perd dans le lointain
 
Ces yeux qui ne brillent plus
Que de larmes contenues,
Ta bouche qui ne dit rien,
Ou des mots si anodins ?
 
Dans ce dédale incertain
Où se dressent tant de murs,
Il est des peines qui durent,
Des souffrances que l’on craint.

Une étoile nouvelle

– Hommage à Thich Nhat Hanh, maître zen–


Un maître spirituel nous a quittés aujourd’hui ;

La flamme de ma bougie a brûlé jusqu’à la fin

Pour accompagner son âme un petit bout de chemin,

Qu’il sache que son message restera bien après lui.

Une étoile nouvelle a brillé cette nuit,

Une étoile discrète autant que le défunt ;

Halo spirituel du maître vietnamien

Dont le rayonnement généreux se poursuit,

Ici et maintenant, éclairant le chemin.


Soleil d’octobre

Ne plus bouger, rester-là,

Sous le soleil encor bas ;

Douce chaleur concentrée

Par la surface vitrée

Ne plus penser, être-là,

Juste à se laisser aller,

Goûtant cette volupté,

Libérée de tout tracas.

Le store s’abat soudain,

Coupant la blanche lumière

D’un opaque écran funèbre

Occultant le doux matin,

Guillotinant le ciel bleu,

Et sa source naturelle

D’éclairage et de chaleur

Qui réconfortait mon cœur

En caressant de ses feux

L’enveloppe corporelle

De mon être, bienheureux

De se prêter aux douceurs

De ce tendre rituel.

Ils dansent

Ils se sont pris la main et dansent tous les deux
En ignorant la foule rassemblée non loin d’eux,
Comme si l’esplanade était un peu à eux
Et que c’est pour la danse qu’ils s’en étaient venus
 
Deux êtres gracieux se caressant des yeux,
Cheveux gris, peau hâlée, tout en simplicité,
Cheveux courts et peau fine sur ses bras blancs menus,
Dansant à petits pas en jean et ballerines.
 
Ils sont là tous les deux, se frôlant doucement
Dans chaque nouveau geste qui prolonge leur être,
Dansant spontanément pour l’unique bonheur
De suivre la musique au rythme de leur cœur
 
Ils dansent dans la joie, libres comme autrefois
De goûter aux délices du soleil de septembre
Dans un monde vivant où l’énergie palpite,
En savourant la chance d’être en ce lieu ensemble
 
Comme si l’espérance reprenait le dessus,
Que l’amour et la vie n’avaient pas disparu ;
Ils dansent tous les deux, d’une entente tacite,
Et mon regard ne peut pas se détacher d’eux.