Chapeaux de paille

– À ma sœur –

Chapeaux de paille légers

Pour s’abriter d’un soleil

Dardant ses rayons brûlants,

Comme à travers des persiennes

Voyez-les orner la tête

D’un grand nombre de passants,

Pour protéger avec zèle

Leur peau, hâlée cependant

Sous l’ombre des bords paillés

Tressés de mille manières,

Des petits points de lumière,

Constellations passagères,

Jouent à travers l’ajouré,

Parsemant sur ces visages

À nos yeux dissimulés,

Des ribambelles d’étoiles,

Éphélides enflammées

Vie et mort d’une cigale

Poursuivant sa singulière

Existence souterraine

Dans l’explosion saisonnière

Des provençales lumières

Elle abandonne aux branchages

Cette mue imaginale,

Indice de son passage,

Pour entrer dans la chorale

Et chercher sa partenaire

Parmi le chœur de ses pairs,

Après avoir célébré

Quelques semaines d’été

Et puis un jour, foudroyée

Par les ardeurs du soleil

Brûlant à son apogée,

Sur la terre où elle est née

On la retrouve, légère,

Déchue d’un trône doré,

Dans les aiguilles tombées

Au pied des pins centenaires

Pointillisme végétal

– À T. L.-C. –

Les acacias sont en fleurs,

Exhalant avec bonheur

Leur douce senteur miellée

Dans l’air tiède de l’été

Ils arborent leur feuillage

Tout en touches délicates

De verts juste saupoudrés

De vanille mouchetée

Constellant le paysage

D’éclaboussures lactées,

Les acacias nous régalent

De tant de légèreté

Parsemant sous leur ombrage,

Après le vent et la pluie,

Les myriades de pétales

D’un poétique semis

Un seul coup d’aile

– À mon père –

Un seul coup d’aile et un seul cri

Qui me font relever la tête ;

Un seul regard un peu surpris

En apercevant l’arrondi

D’une faucille fendant l’air

Silhouette dans le ciel gris

Habillée d’un plumage ébène

Qui met le printemps à la fête ;

Les beaux jours commencent à peine,

Les martinets sont de sortie

Et leur présence me ravit