Bénédiction

D’étouffantes minutes
Sans un frisson d’air pur
Dans le bleu implacable 
De l’azur ;
La nature immobile,
Figée par l’air brûlant,
Attend l’événement…

Une onde de fraîcheur
Transperce la moiteur,
Balayant la poussière,
Et l’on respire enfin !
De savoureux parfums
Exhalés de la terre
Imprègnent l’atmosphère
Du matin.

Dans un vacarme intense
L’eau s’écoule en cadence
Et ce rideau si dense
Est bu par les chemins ;
Un brouillard incertain
Flotte dans le ciel clair
Et le soleil espère
Reprendre du terrain.

Les gouttes réverbèrent
Mille éclats de lumière
Et mes yeux s’émerveillent
De la beauté qui vient ;    
Mon corps vivifié par la pluie
Renaît aux chaleureux rayons
Et je voudrais toute ma vie
Vibrer à la bénédiction
De chaque détail enchanteur
Qu’on ne sait plus nommer Bonheur.

Automne

S’engouffrer dans l’air pénétrant
Respirer l’humus odorant
S’enfoncer dans les feuilles mortes
Brasser des bruns, des roux, des or

S’imprégner du parfum boisé
Des feux de la fin de l’été
Et rester un instant
À observer le vent
Qui ravive la braise

Fouiller dans son passé
Pour retrouver l’émoi
De ses jeunes années ;
Du premier feu de bois
Des premières veillées,
Et sentir ses joues se mouiller…

S’harmoniser sans faire de bruit
Et ne faire qu’un avec la vie,
Se fondre au monde tout à fait
S’y dissoudre avec volupté
Et disparaître sans un cri.