Brouillard

Le brouillard s’est installé
Dans la nuit, à pas feutrés,
Et il a tout effacé ;
Le bruit des moteurs, les voix,
La ville, les rues, les toits,
Ce que d’habitude on voit
Quand on ouvre les rideaux.

Mais ce matin tout est gris,
Dans un silence étouffé,
La lumière se diffuse,
Étrange, comme filtrée
Par ces micro-gouttes d’eau.

Près de la porte-fenêtre,
Sur un mètre de rayon,
Je constate cependant
Que tout est resté intact.

Dans les grandes jardinières
Où se détachent les plantes
Qui peu à peu se pigmentent
D’automnales projections,

Ne restent que les oiseaux,
Qui grattent et fouillent la terre
À la recherche de vers,
Attendant des jours plus beaux.

Jour de marché

Le ciel est sans nuage
Bleu comme un jour d’été,
Le froid brûle les yeux
Et picote le nez.

Les autos stationnées
Blanchies par la gelée
Scintillent au soleil
En milliers d’étincelles.

Sur leurs toits alignés,
Un délicat duvet
Savamment hérissé
S’étend, immaculé.

Ces fragiles cristaux
Semblent être dressés
Par l’immense talent
Et l’infinie patience

De ces fées que l’hiver
Dans sa grande puissance
Entraîne dans sa danse
Inexorablement,

Offrant aux lève-tôt
La joie de contempler
L’éphémère beauté
D’un jour de février.