Échappée de soleil
Dans l’hiver qui finit,
Chaleur qui se propage
Le temps d’une éclaircie ;
Bien-être qui s’installe
Quiétude infinie,
Sérénité du corps
Accalmie de l’esprit.
Lumière qui s’étale
Projetant sur la table
Son puissant éclairage
D’où naît la fantaisie ;
Toute une poésie
D’ombres portées fugaces
Apparues sur ma nappe,
Trop vite évanouies.
L’irradiante lueur
M’envahit de torpeur ;
La nuque, les épaules,
Un tiers de mon visage,
La tête et puis le dos
Se prêtent au délice
De l’heureuse surprise
D’une minute exquise
Goûtée les yeux mi-clos.
Caresses sur la joue
Baiser chaud dans le cou,
La lumière est intense,
Éblouissante et crue ;
Parfois elle s’atténue
Lorsque quelque nuage
S’interpose un instant
Entre ma peau et l’astre,
Et j’aime ce contraste.
Je reste à savourer,
Félicité des sens,
La splendide embellie
De ce temps qui, par chance
A suspendu son vol…
Comme un chat qui se love
Près de la cheminée,
Je recherche la pierre
Chauffée au cœur de l’âtre
Et mon âme sourit
À ce doux paradis
Qui par bonheur s’attarde.
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Soleil de février
Soleil de février,
Bienfaisante chaleur
Qui dégèle la terre,
Douce lumière d’hiver
Par nos corps absorbée.
Nos cœurs sont demandeurs
De toute la douceur
Qui peut être glanée,
Dans ces instants flânés
Où nos yeux sont charmés
Par les balbutiements
Précoces du printemps.
Neige nocturne
Uniformément gris perle
Le ciel opaque s’étend,
Moelleux et enveloppant,
Éclairé des tons pastel
Des clartés artificielles
Que la ville a piquetées
Soigneusement autour d’elle.
Blanches, bleutées, jaune pâle
Ces différentes étoiles
Tombées de la Voie lactée
Scintillent sans se lasser
En éclaboussant d’opale
Ce qui est à leur portée.
En mouchetés concentrés
La neige descend du ciel
Et grignote sans répit
Ce qu’il reste de grisaille
Travaillant vaille que vaille
Sans chercher d’autre alibi
Que son minutieux ouvrage.
Dans la cité endormie,
Recouvrant les paysages
Modelés à son image
D’un étincelant tapis,
Elle règne, souveraine,
Nitescente demoiselle,
Sur cette troublante nuit
Où le noir même est banni.
La pluie de novembre
La pluie de novembre ruisselle des toits,
Recouvrant le zinc d’une couche fine
De vernis brillant, qui capte un instant
Les faibles lueurs de ces teintes grises.
La ville est tranquille, le ciel impassible,
L’on n’entend que l’eau qui descend des toits,
Tombant goutte à goutte sur le métal froid.
Ces gouttes fusionnent et viennent se perdre,
Coulent et convergent en petits ruisseaux
Ondoyant, dociles, le long des gouttières.
Où sont les oiseaux ? Ils ne pipent mots.
On les voit parfois traverser les airs,
Se mettre à l’abri, la tête sous l’aile,
Gonflant leur plumage pour avoir plus chaud.
Feuilles mobiles
Les feuilles de novembre
Détachées sans égards
Par la pluie, les bourrasques,
Et tous les éléments
Réunis en rafales,
Ont rompu leurs amarres.
Un cycle se termine,
Démarré au printemps,
Trois splendides saisons
Avant que les maisons
Ne se couvrent d’hermine.
Pour leur seule escapade,
Libérées, elles entament,
Ivres d’air et de vent,
Un ballet étonnant ;
Puis, grisées par leur danse,
Profitant des courants,
Dans un ultime élan
Descendent en planant.
J’aime la sensation
Éprouvée en foulant
Ces brassées de feuillages
Que l’automne changeant
Laisse dans son sillage,
Pour peu que l’on s’attarde
Dans ces entassements ;
Monceaux de végétaux
En dunes aérées
Finement feuilletées,
Que l’on frôle du pied.
Ces frêles feuilles mortes
Aux multiples nuances,
Encor souples ou craquantes,
Simples, ou plus ouvragées,
Dentelées et brillantes,
Vernies ou satinées,
Puis mates et figées
Bruissent tout doucement
Quand nos pieds les écrasent
Comme un papier de soie
Froissé du bout des doigts.