Viens, Soleil

Viens vers moi, Soleil,
Il fait froid dehors ;
Réchauffe mon corps,
Mon cœur s’ensommeille,
J’ai bu trop de larmes
Et je dépéris.

Je suis sur le fil,
En plein équilibre
Comme tant de femmes ;
Réveille mon âme,
Je sens la tristesse
Obscurcir ma vie.

Éclaire, soleil,
Le chemin qui mène
Loin de ces ténèbres,
Et balaie les ombres
Qui m’ont envahie ;
Dis-moi que demain
Tu brilleras aussi.

Chasse les corbeaux
Qui volent au-dessus
De mon univers ;
Souris aux enfants
Qui sont innocents,

Éclaire leur route,
Sauve-les du doute
Qui me broie souvent
Intérieurement.

Une danseuse

Nuque fragile et col de cygne
Gestes gracieux, membres graciles,
Toute en souplesse, légèreté,
Dans la beauté de sa jeunesse.

Taille cambrée, sourcil arqué
Joue colorée, lèvre nacrée,
Sourire de scène, chignon parfait,
Trop artificielle pour être une vraie
Princesse rêvée de Conte de Fées.

Avec de la rigueur dans l’attitude,
Avec de la froideur dans son regard bleu-dur,
Autoritaire, le menton fier,
Mue d’une volonté de fer
Par sa discipline enseignée ;
Avec un rien d’exagéré
Dans les pauses qu’elle prend,
Les caprices qu’elle fait.

Gitane

Un peu gitane
Un peu tzigane
Le regard sombre
Et l’œil sévère
Avec de l’ombre
Sur les paupières,

Le port de tête altier,
Le caractère entier
Et la démarche fière,
Le cheveu noir
Dans un foulard
Un peu criard,

Et la peau mate
Des bohémiennes,
Âme sauvage
Et corps de reine
Quand elle entre en transes
Et danse sa fièvre,
S’élance et se traîne,

Quand les tambourins
Frappent en cadence,
Qu’un violon égrène
Toute la souffrance
Toute la misère
Que porte la Terre,
En un seul refrain.

Hiver

C’est l’hiver mon amour
Et la neige en paillettes
A recouvert la terre
De sa douce lumière,
De son brillant velours.

Le ciel n’est plus morose,
Il y a dans la danse
De ces petits flocons
Une sorte de joie
Contenue, maladroite,
Légère et tournoyante.

Dans la pâleur du jour
Ces cristaux doux et froids,
Moelleux pompons d’ouate
Sortis de l’oreiller
Rebondi des nuages,
Se trouvent éparpillés
Et jouent, irréguliers,
Sur le gris des façades.

Vanina

À quoi penses-tu Vanina,
Quand tu sens leur corps se presser,
Quand tu sens leur chair se figer
Sans que tu puisses dire ou faire
Quoi que ce soit pour l’empêcher ?!

À quoi penses-tu Vanina,
Lorsque t’atteignent les secousses
Spasmodiques de leur désir
Et qu’il n’est pas question de mousse
De fleurettes ni de plaisir ?!

À quoi penses-tu Vanina,
Quand ton regard se fait plus sombre,
Lorsque tes joues dans la pénombre
S’empourprent violemment de honte
Et qu’à tout rompre ton cœur bat ?!

Je pense à toi et je me dis
Qu’il est des hommes si gentils,
Pleins de douceur et de respect,
Prêts à aimer avec tendresse
L’échange autant que la caresse,
Et qui refermeront les plaies
Que d’autres hommes auront ouvertes.