Au jardin des fragrances

– À Thierry Labeyrie-Cabanne –


Au jardin des fragrances, il a identifié
Les subtiles nuances de toutes les essences
Provenant des bouquets de roses parfumées,
Qu’il venait respirer quand le temps s’y prêtait.
 
Au jardin des fragrances, pris en flagrant délice
D’humer dans leur calice d’évanescents parfums,
Il a cueilli les notes de ce feu d’artifice
En écrivant les gammes des rosiers du jardin,
 
Relevant avec soin dans ses carnets secrets
Chaque petit détail finement décelé,
Invisible présence sensuelle et troublante
Qui enchante l’esprit en embaumant le nez.
 
Il écrira plus tard sa propre partition
Jouant sur les accords de ces notes florales,
Composant sans relâche, suivant l’inspiration,
Plongé dans l’alchimie des senteurs végétales ;
 
Subtiles harmonies et mélodies suaves,
Olfactive musique de ce chant délectable,
Concentré sur l’ultime tâche qu’il s’est donnée ;
Créer la symphonie qu’il a imaginée.

Parc de l’Orangerie

– À Thierry L.-C. –


Par un bel après-midi,
Parc de l’Orangerie,
Près des roses j’ai croisé
Un amateur de beauté ;
Collectionneur des parfums
Qui embaument nos jardins.
 
Ainsi plongés dans les cœurs
De ces belles raffinées
Aux capiteuses senteurs,
Nous finîmes peu à peu
Par nous trouver nez à nez
Au-dessus de ces rosiers.
 
Lors de pétale en pétale
Et d’effluves en effluves,
Roses musquées, roses thé,
Unies, poudrées, panachées,
 
La langue enfin déliée
Par la troublante fragrance
Déposée sur le papier
D’une rose stylisée,
 
Nous avons pu échanger
Sur nos centres d’intérêt
Et, de métier en métier,
Sur la passion de créer…

Portrait d’une Pie

Familières et contrastées,
Notes de plumes sur un clavier
Qui se déploie dans l’azuré
D’un ciel aussi bleu que l’été,
 
Dans une élégante envolée,
Elle est passée si près de moi
La belle au plumage de jais,
Gantée de ses blanches rémiges,
 
Que je ne pouvais me priver
D’écrire sous son beau portrait
Ces vers qui scellent son prestige.
 
 
 

D’après le tableau de Hovhannès Haroutiounian
La Pie, 2020, huile sur isorel, 35 x 50 cm

S’il fait beau demain

– À Matilde Gennari
et Danila Massara, danseuses –


Deux âges pour deux visages,
En filigrane, le phare…
Coiffures sages en nattes,
Tresse brune, tresse blonde,
Éclairage tamisé
Robes sombres, robes longues,
Robes d’un siècle passé…
 
Sur la scène sont placés
Des cadres en fer forgé ;
Fenêtres grandes ouvertes
Sur la vie, et sur le temps,
Qui va et vient et s’écoule
Comme jaillie d’un torrent
Dans un tourbillon puissant.
 
Le vent, la mer et la voix
Vibrante de Virginia,
Dans la vivante mouvance
Des petits riens de la vie,
Quelques mots ou quelques phrases
Reprises, ici ou là,
Se répétant à l’envi
 
La fraîcheur et l’énergie,
L’expérience se rassemblent
Et se mêlent à la grâce
De cette émotion qui passe…
Dans le costume entravée,
Bruissant avec élégance
Se révèle la beauté
Onirique de la danse.

Coucher de soleil sur la Méditerranée

En déployant ses camaïeux
De bleus, de verts, ou les reflets
D’un soleil qui va se coucher,
La mer nous prend dans ses filets.
L’astre nous éblouit les yeux ;
Il embrase les cieux de rose,
De jaune, d’orangé, de mauve,
Et notre cœur se met en pause
Le temps d’admirer les couleurs,
Jusqu’aux plus petites lueurs,
De ce jour qui doucement meurt
En somptueuse apothéose.


D’après le tableau de Hovhannès Haroutiounian
Coucher de soleil, 2000–2010, huile sur toile, 50 x 50 cm