Hovhannès

Hovhannès est un roi au milieu de ses toiles,
Son univers est gai, coloré, lumineux,
Il y a de la fougue dans les scènes d’Histoire
Où l’Arménie vibrante apparaît tour à tour
Dans toute sa vaillance et sa délicatesse.
 
Il y a de la douceur et de la poésie,
Une infinie tendresse dans ses nus alanguis ;
Les teintes se mélangent en belles harmonies
Portées par l’énergie des pulsions créatrices,
Animées par l’ivresse d’un pinceau qui s’éveille
Entre les doigts du peintre et court, plein de promesses,
Sur la surface lisse du tableau qui va naître.
 
Hovhannès est un homme qui apprécie les femmes
Qu’il croque et portraiture avec tout son talent.
Les lumières, les ombres, les formes, les couleurs,
Les volumes, les traits, n’ont plus aucun secret ;
Les touches papillonnent pour insuffler la vie
À tous ces personnages dont l’âme resplendit.
 
La texture des corps, le velouté des peaux,
L’intensité des ciels, la profondeur des eaux,
Les scènes de batailles, les foules bariolées,
Les chevauchées puissantes, un arbre en majesté…
Sa palette est pastel, vive et sombre parfois
Quand la mer agitée prend d’assaut les rochers,
Ou quand l’astre couchant allonge son reflet
Sur une eau apaisée, mauve aux accents violets.
 
Soixante-sept années, et combien de travail,
Combien de temps passé à scruter un dessin
Et sa réalité, devant un chevalet,
En expérimentant les possibilités
De l’huile, la sanguine, le lavis, le fusain…
Pour que son art atteigne ce degré d’excellence
Et que le visiteur soit conquis par la danse
Des pigments qui se mêlent, s’opposent, se répondent ;
Les poses naturelles, l’humanité profonde
Du modèle et du peintre pris dans la même ronde.
 
Hovhannès est un être épris de liberté.
Bon vivant, séducteur, il rit et parle fort ;
Il a l’œil malicieux, le visage sculpté
Des sillons d’une vie intense et passionnée
Faite de traversées d’un continent à l’autre.
Riche de sa culture et des mondes nouveaux
Qu’il a pu découvrir ; franchissant des déserts,
Montagnes et forêts, océans et rivières…
Il capte l’atmosphère pour mieux s’en inspirer.
 
Chaud et grave à la fois, son accent nous transporte
Du côté de l’orient où plongent ses racines.
Ses mots sont des galets brassés par le courant
Qui roulent dans sa bouche, ouvrant par son langage
Une large fenêtre invitant au voyage.
 
Libre de toute entrave, Hovhannès impressionne,
Mais il peut se montrer aussi doux et discret,
Proposant de laisser un souvenir tangible
En délicate esquisse sur la page d’un livre.
Alors le geste sûr, la pupille aiguisée,
Caressant le papier de son crayon habile,
Il trace sans ciller, un regard, un sourire,
L’ovale d’un visage, l’évocation d’un nez…
Et soudain tout est dit, l’essentiel apparaît,
La beauté intérieure s’exprime et irradie.

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