Une vie d’artiste

– À Monsieur Pierre-Alain Jaouën –


Pour Tonton qui disait en plaisantant « qu’il était une bande de jeunes à lui tout seul. » (Renaud)


Le silence a fait suite à la grande musique…

Ton âme était murée dans l’enveloppe triste

De ce corps décharné condamné au mutisme ;

Tant d’années prisonnier, absent à ta vie même,

Privé de ces passions qui en donnaient le sel.

Des siècles à fouiller contre vents et marées,

Pour rechercher des traces de vie fossilisée

Dès le Précambrien, puis les ères d’après,

Permettant d’avancer dans ce rare domaine ;

Offrant tes connaissances à différents musées.

Une vie de travail, galérien volontaire

Entre ton tour à pied, le four et l’atelier,

Après des années phare aux Beaux-Arts à créer

Ces œuvres raffinées, en digne céramiste.

Les argiles, les grès, la porcelaine fine,

Poteries délicates soigneusement poncées ;

Les pigments, les émaux, les engobes poudrés,

Le raku, les biscuits, les pièces qui chantaient

Tout en refroidissant après chaque fournée

Empreintes végétales et décors stylisés

Transparents ou opaques, aux savantes patines,

Manganèse et cobalt, oxydes métalliques,

Bronze, Sienne brûlée, ocre jaune ou bleu nuit ;

Craquelés et coulures, surfaces vitrifiées,

Brillants, mats et glaçures aux robes satinées,

Des rares céladons aux beaux rouges de Chine ;

Ces trésors de la terre sublimés par le feu

Que ton talent créait en te rendant heureux

Émerveillent toujours nos âmes orphelines.

Frère très estimé et père dévoué,

Fidèle à tes amis, dans la simplicité

De ce tempérament solitaire assumé ;

En ces moments de deuil, des étoiles scintillent :

Celles qui dans tes yeux illuminaient l’été.

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