Le premier artiste

– À Hovhannès Haroutiounian –


Il était là, à l’origine

De notre humanité naissante,

Dans la nature luxuriante

Et les grottes environnantes ;

Le ciel au-dessus de la tête,

Parmi des prédateurs féroces,

Il valait mieux être véloce

Ou savoir se dissimuler

Dans quelque cachette secrète.

Il a dû se trouver petit

Face à l’immensité du monde,

Aux dangers semés à la ronde,

Aux caprices des éléments

Dont les forces incontrôlables,

Éclairs ou tonnerre qui gronde,

Avaient de quoi être effrayants.

Il a dû affronter la foudre

La sécheresse, la nuit, le froid,

Il a dû endurer sans doute

Des maux qu’on n’imagine pas ;

La terreur et les privations,

La souffrance pour aiguillon.

Il a dû se sentir fragile

Avec ses questions sans réponse

Et sa survie à assurer,

Sans que jamais il ne renonce

De toutes ses forces à lutter.


Qui, le premier de tous, a gravé dans la pierre,

Ou peint sur les parois rocheuses des cavernes,

La représentation symbolique ou réelle

D’un langage imagé, dans un puissant élan ?

Qui, un jour, a fixé dans une œuvre rupestre

Le geste spontané d’une pensée humaine,

En soufflant des pigments pour imprimer sa main,

Ou tracer au charbon le fabuleux dessin

D’un bison, d’un cheval, d’un ours ou d’un élan ?

Le jour où il s’est exprimé

A changé notre destinée ;

En transmettant son émotion,

La liberté de son regard,

L’étincelle de vérité

Qui couvait au fond de son âme,

Il a éclairé l’horizon,

Donnant sens à notre existence.



Merci à monsieur Hovhannès Haroutiounian

dont les interrogations passionnantes m’ont inspiré ce poème.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *