Un pont

– À T. L-C. pour ses réflexions poétiques et ses partages inspirants –


C’est un pont qui relie nos deux pays voisins

Un pont emblématique aux ailes métalliques

Qui semblent rebondir en traversant le Rhin,

Solide éclaboussure d’un ricochet sur l’eau

C’est un pont unissant deux peuples frontaliers,

Un pont venant sceller des années d’amitié ;

L’arche patriotique qui éclaire la nuit

Aux couleurs de chacun, alternant nos drapeaux

Un pont entre deux terres, proches et familières,

Deux cultures liées, malgré des caractères

Bien souvent opposés, portant haut leur flambeau

Pour venir éclairer ces rives mélomanes

C’est un pont projetant dans le ciel étoilé,

Joliment orchestrés le long de ses filins,

Par les noires vesprées de lumineux faisceaux,

Des couchants alsaciens aux aurores rhénanes

Sur ce pont coloré, rythmé par les tramways,

Où l’on circule à pied aussi bien qu’à vélo,

Parmi ce bleu profond, au rouge et blanc lié,

Un petit LED changeant doucement oscillait

Vacillant feu follet paraissant hésiter,

Ne sachant pas vraiment quelle teinte arborer ;

Lumignon dissident qui tout à coup semblait

Être l’essence même de notre esprit français

Par son côté frondeur, assez contradictoire.

Ce petit LED que vous seul aviez remarqué,

La touche humoristique qui vous avait charmé,

Non sans quelque fierté clignotait sa victoire.


« Cet ouvrage d’art, qui enjambe le Rhin et traverse une frontière fort symbolique entre la France et l’Allemagne se doit de la franchir d’un pas léger, sautillant, comme un ricochet à la surface de l’eau. »

Marc Barani

Pont Beatus-Rhenanus, du nom de l’écrivain, philosophe et humaniste alsacien.

Architecte Marc Barani. Mis en lumière par Ingelux.

 

En l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile

Il règne en ce lieu saint, quand on passe la porte,

Un parfum singulier qui soudain nous emporte ;

Fragrance de bougies et de fleurs en bouquets,

La bruyère et les lys embaumant la travée.

Il règne une douceur en ce lieu préservé,

Par les senteurs mêlées des boiseries anciennes,

La patine cirée de son plancher de chêne,

La chaleur des essences habilement sculptées.

Il règne une lumière en ce lieu de piété

Où l’orgue remarquable inspire le respect ;

Les vitraux élevant les esprits transcendés

Par la foi véritable jusqu’aux cieux étoilés.


Il règne une atmosphère de ferveur et de paix,

De grande quiétude et de solennité,

Par chaque cierge blanc pieusement allumé,

La succession des âmes qui nous ont précédés

Et toutes les prières qui se sont envolées.


https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Paris/Paris-Saint-Eugene.htm#HP

Ce souffle

Ce souffle qui me traverse,

La douloureuse caresse

Du doudouk chantant sa peine ;

La mélodie contenue

D’une basse continue

Qui fredonne dans mon âme

La chanson de Komitas ;

Ce souffle qui m’accompagne,

Passant à travers les siècles,

Me transmet cette tristesse

D’une complainte arménienne ;

Douceur et mélancolie,

Délicatesse infinie

Du chant de Narekatsi.


Komitas : est un prêtre apostolique, ethnomusicologue, compositeur, chanteur, pédagogue, et conférencier arménien. Survivant du génocide de 1915, on lui doit la sauvegarde du patrimoine musical arménien.

Grigor Narekatsi : ou Grégoire de Narek, est un moine, poète mystique et compositeur, représentant de la poésie arménienne médiévale du Xème siècle.

Komitas – Krunk (La grue) – Varuzhan Margaryan

Grigor Narekatsi – Havoun Havoun (Oiseau Oiseau) –

Mélodie de la Résurrection – Sergey Khachatryan

« Mon cœur est comme une maison en ruines…

Les oiseaux sauvages construisent leur nid là où se trouvait autrefois ma maison…

Le cœur des sans-abri est sombre et s’est égaré.

Oh cœur, ne désespère pas ! »

Grigor Narekatsi Havun, havun (Oiseau, oiseau) – extrait de l’album « KOMITAS – Chœurs Sacrés »

Solo de Seyran Avagyan

Yerevan State Chamber Choir

Dans la soie d’une toile

Un arc-en-ciel s’est pris dans la soie d’une toile,

Arachnéen filet, éphémère tissage ;

Lumière diffractée sur le fragile ouvrage

Où ses brillants reflets scintillent doucement

Chatoiement de couleurs, joyau iridescent ;

L’habit de l’empereur un instant apparu ;

Délicats entrelacs, cheveux d’ange ténus,

Fils d’Ariane pris dans les ailes du vent

Subtil faseillement d’un voile transparent

Exposé longuement aux caprices du temps ;

Élégante matière, fugace opalescence,

Ravissement des yeux pris par la flamboyance

D’un arc-en-ciel tissé dans un écrin soyeux.

Pour Martin

– À Thierry L.-C. –

Bien que n’ayant pu le connaître,

Cette nouvelle me saisit ;

Cette perte me bouleverse

Et votre chagrin m’envahit

Comment accepter l’impensable

Quand on est bouillonnant de vie ?

Comment penser qu’il est un mal,

Fulgurant et inexplicable,

Qui ne vous laisse aucun sursis ?

Qui aurait pu envisager

Qu’ainsi s’arrêterait le temps ;

Foudroyé en pleine jeunesse

À l’orée de l’anniversaire

Célébrant ses vingt-trois ans ?

Et ce deuil qui nous interpelle

Brusquement nous anéantit ;

Je m’imagine avec tristesse

L’immense douleur des parents

Et la vôtre, son confident

L’ami fidèle et inspirant,

Guidant de votre bel esprit

L’artistique tempérament

De ce jeune homme de talent

Qui vécut trop brièvement

Tel un météore enflammant

Sa route à travers les étoiles,

En saluant avec panache

Ce monde en pleine ébullition

Et traversant secrètement

Nos lointaines constellations

Pour mieux se fondre dans l’espace.


« La Fleur Cosmique SOULKER » de TLC, œuvre graphique et photographie sous licence.