La voix du poète

Une voix singulière qui monte de la terre

Pour chanter l’infini,

Une voix millénaire, traversant les murailles,

En nos cœurs recueillie.

Une voix véritable dont le chant se dévoile

Sous des strates d’écrits,

Une voix mémorable jaillissant des entrailles,

Qui murmure ou mugit.

Une voix qui s’étonne, qui chuchote, frissonne,

Fait entendre son cri,

Une voix qui se donne, durablement résonne,

Et puis s’évanouit.

Cette voix essentielle qui parfois se révèle

En nos âmes saisies,

C’est la voix du poète s’adressant aux étoiles

Et inspirant nos vies.


« Un peuple qui perd sa poésie perd son âme »

Jean-Pierre Siméon

Un pont

– À T. L-C. pour ses réflexions poétiques et ses partages inspirants –

C’est un pont qui relie nos deux pays voisins,

Un pont emblématique aux ailes métalliques

Qui semblent rebondir en traversant le Rhin,

Solide éclaboussure d’un ricochet sur l’eau.

C’est un pont unissant deux peuples frontaliers,

Un pont venant sceller des années d’amitié,

L’arche patriotique qui éclaire la nuit

Aux couleurs de chacun, alternant nos drapeaux.

Un pont entre deux terres, proches et familières,

Deux cultures liées, malgré des caractères

Bien souvent opposés, portant haut leur flambeau

Pour venir éclairer ces rives mélomanes.

C’est un pont projetant dans le ciel étoilé,

Joliment orchestrés le long de ses filins,

Par les noires vesprées, de lumineux faisceaux,

Des couchants alsaciens aux aurores rhénanes.

Sur ce pont coloré, rythmé par les tramways,

Où l’on circule à pied aussi bien qu’à vélo,

Parmi ce bleu profond aux rouge et blanc lié,

Un point luminescent doucement oscillait,

Vacillant feu follet paraissant hésiter,

Ne sachant pas vraiment quelle teinte arborer ;

Lumignon dissident qui tout à coup semblait

Être l’essence même de notre esprit français,

Par son côté frondeur, assez contradictoire.

Subtilité que vous seul aviez remarquée,

La touche humoristique qui vous avait charmé,

Non sans quelque fierté clignotait sa victoire.


« Cet ouvrage d’art, qui enjambe le Rhin et traverse une frontière fort symbolique entre la France et l’Allemagne se doit de la franchir d’un pas léger, sautillant, comme un ricochet à la surface de l’eau. »

Marc Barani

Pont Beatus-Rhenanus, du nom de l’écrivain, philosophe et humaniste alsacien.

Architecte Marc Barani. Mis en lumière par Ingelux.

 

En l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile

Il règne en ce lieu saint, quand on passe la porte,

Un parfum singulier qui soudain nous emporte ;

Fragrance de bougies et de fleurs en bouquets,

La bruyère et les lys embaumant la travée.

Il règne une douceur en ce lieu préservé,

Par les senteurs mêlées des boiseries anciennes,

La patine cirée de son plancher de chêne,

La chaleur des essences habilement sculptées.

Il règne une lumière en ce lieu de piété

Où l’orgue remarquable inspire le respect ;

Les vitraux élevant les esprits transcendés

Par la foi véritable jusqu’aux cieux étoilés.


Il règne une atmosphère de ferveur et de paix,

De grande quiétude et de solennité,

Par chaque cierge blanc pieusement allumé,

La succession des âmes qui nous ont précédés

Et toutes les prières qui se sont envolées.


https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Paris/Paris-Saint-Eugene.htm#HP

Ce souffle

Ce souffle qui me traverse,

La douloureuse caresse

Du doudouk chantant sa peine ;

La mélodie contenue

D’une basse continue

Qui fredonne dans mon âme

La chanson de Komitas ;

Ce souffle qui m’accompagne,

Passant à travers les siècles,

Me transmet cette tristesse

D’une complainte arménienne ;

Douceur et mélancolie,

Délicatesse infinie

Du chant de Narekatsi.


Komitas : est un prêtre apostolique, ethnomusicologue, compositeur, chanteur, pédagogue, et conférencier arménien. Survivant du génocide de 1915, on lui doit la sauvegarde du patrimoine musical arménien.

Grigor Narekatsi : ou Grégoire de Narek, est un moine, poète mystique et compositeur, représentant de la poésie arménienne médiévale du Xème siècle.

Komitas – Krunk (La grue) – Varuzhan Margaryan

Grigor Narekatsi – Havoun Havoun (Oiseau Oiseau) –

Mélodie de la Résurrection – Sergey Khachatryan

« Mon cœur est comme une maison en ruines…

Les oiseaux sauvages construisent leur nid là où se trouvait autrefois ma maison…

Le cœur des sans-abri est sombre et s’est égaré.

Oh cœur, ne désespère pas ! »

Grigor Narekatsi Havun, havun (Oiseau, oiseau) – extrait de l’album « KOMITAS – Chœurs Sacrés »

Solo de Seyran Avagyan

Yerevan State Chamber Choir

Dans la soie d’une toile

Un arc-en-ciel s’est pris dans la soie d’une toile,

Arachnéen filet, éphémère tissage ;

Lumière diffractée sur le fragile ouvrage

Où ses brillants reflets scintillent doucement

Chatoiement de couleurs, joyau iridescent ;

L’habit de l’empereur un instant apparu ;

Délicats entrelacs, cheveux d’ange ténus,

Fils d’Ariane pris dans les ailes du vent

Subtil faseillement d’un voile transparent

Exposé longuement aux caprices du temps ;

Élégante matière, fugace opalescence,

Ravissement des yeux pris par la flamboyance

D’un arc-en-ciel tissé dans un écrin soyeux.