Tant de choses

Tant de choses à dire ;
Le temps de te les dire,
Le temps de se revoir,
Il est presque trop tard.

Il y a bien sûr la fatigue
Et puis les instants de cafard,
Pourtant ce sont surtout tes lignes
Qui me font défaut, et ce soir
Je parviens enfin à t’écrire,
Mais j’ai le cœur plein de brouillard.

J’hésite à prendre mon envol
J’ai peur de tomber en plein vol.
J’ai cru à un mirage
Et je me suis trompée,
J’ai cru que cet orage
Je saurais le dompter ;

Mais je suis là, vaincue,
Un peu désemparée…
À peine convaincue
De pouvoir surmonter
À nouveau l’inconnu.

Comment veux-tu que je le croie
Celui-là qui me dira « Viens,
Viens près de moi, je suis si bien
Quand tu te blottis dans mes bras ! »?

Je sais le danger qui me guette,
Je ne veux pas fermer mon cœur
Au prochain qui me sourira,
Sous prétexte que le bonheur
Ne se brade pas comme ça.

Aujourd’hui chante le printemps 
Et moi j’ai le cœur en hiver.
Les forsythias jaune éclatant
Dressent leurs cierges flamboyants
Dans une explosion de lumière.

Printemps en décembre

Tu crois peut-être que c’est facile
D’écrire je t’aime dans un poème
Et d’avancer son cœur
Sur un plateau d’argent,
En n’étant pas certaine
Qu’on l’attende vraiment…?!

J’ai déjà pris le risque
De faire le premier pas ;
Je me suis trompée souvent,
J’ai tâché de prendre sur moi.

Je marche vers demain,
Qui me tendra la main ?
J’en sais si peu sur toi ;
Pourtant je suis heureuse
Quand tu es près de moi.

Je dois te dire que dans mes lettres
Je mets le meilleur de moi-même
Sans jamais chercher à paraître,
Alors quand on n’y répond pas…
C’était si long, ces trois semaines
À attendre un signe de toi !

Je crains de te voir englouti
Par ce métier si captivant
Et son cortège d’alibis
Qui te grignoteront la vie
Avant que tu en sois conscient.

Sans pour autant porter atteinte
Au noble travail que tu fais
Que je respecte infiniment,
Et auquel je dois l’agrément
De t’avoir un jour rencontré,
Il n’est pas de contrainte
Méritant d’entraver
Ta nécessaire vie privée.

Mais j’ai trop bavardé déjà ;
Si tu pouvais prendre le temps
De regarder autour de toi,
Tu comprendrais que le printemps
Peut naître en décembre parfois.

Chrysalide

Ai-je eu tort de dire que je t’aime,
Si l’amour n’est que ce qu’il reste
Quand les émotions sont passées ?!

Ça voudrait dire de patienter
Pour connaître ses sentiments
Que l’élan se soit dissipé,
Qui enflamme un cœur imprudent…

Faut-il attendre qu’il fasse nuit
Pour savoir qu’un soleil brillait
Dont on n’a pas su profiter ?

Si notre amour était bien vrai
L’épreuve n’aurait rien changé,
Mais s’il était un peu fragile
Jamais il ne s’en remettrait,
Et lors, qu’aurions-nous pu gagner ?

Des doux baisers, des gestes tendres,
Il ne resterait que des cendres,
Et nous serions bien avancés !
L’amour est une chrysalide,
Il faut bien qu’on le consolide
Avant de pouvoir l’éprouver ;

Attendre que le temps agisse
Et que la nature accomplisse
La féerie de ses destins
Par la magie de ses desseins,

Métamorphosant les guenilles
De la candide Cendrillon
Et la plus modeste chenille
En un splendide papillon.

Peut-être demain

Le ciel est bleu
La vigne rouge
Et les feuilles tombées
S’amassent dans la cour…
C’est trop tard pour aujourd’hui
Mais peut-être demain, demain

Le soleil chaud
Derrière la vitre,
Un morceau de la lune
Nous est resté visible…
C’est trop tard pour aujourd’hui
Mais peut-être demain, demain

Le soir descend
Le vent se couche,
Mon cœur est à peine plus lourd ;
Désespérément impassible
La boîte aux lettres reste vide…
C’est trop tard pour aujourd’hui
Mais peut-être demain, demain.



– Je vous parle d’un temps où les téléphones portables n’existaient pas… Ou pas pour le commun des mortels ; où le téléphone fixe était exclusivement réservé aux appels urgents ou sérieux; où les mots d’amour ne pouvaient arriver que par voie postale ; où la boîte aux lettres pouvait devenir l’amie la plus précieuse qui soit…


Je vous parle d’un temps où les téléphones portables n’existaient pas…

Ou pas pour le commun des mortels ;

où le téléphone fixe était exclusivement réservé aux appels urgents ou sérieux ;

où les mots d’amour ne pouvaient arriver que par voie postale ;

où la boîte aux lettres pouvait devenir l’amie la plus précieuse qui soit…


Je me suis vue

Je me suis vue
Marcher dans la foule,
Tellement désemparée ;
Je me suis vue
Captive d’un moule
Qui lentement m’étouffait.

Je me suis vue
Aspirée par la nuit,
Que tant je redoutais ;
Je me suis vue à la merci
De mes peurs et de mes regrets.

Je me suis vue mendier l’amour
Qu’à juste titre tu refusais,
Je me suis vue au petit jour
Désespérément affamée.

J’ai besoin de ton sourire
Pour adoucir l’Avenir,
J’ai besoin de ton soleil
Pour réchauffer mes ténèbres,

J’ai besoin de tes conseils,
Besoin que tu me rassures
Besoin que tu me bouscules
Besoin que tu me comprennes.