Une simple nuit

La nuit
Le ciel est transparent
L’air est plus pénétrant
Les astres envoûtants
Les parfums entêtants

La nuit
La terre est odorante
L’instant est plus intense
L’émotion plus troublante
Et plus aigus nos sens

La nuit
C’est aussi ce rêve éveillé
De ta main qui prendrait la mienne…
J’ai ton souvenir sur les lèvres
Et mon disque est un peu rayé.

On me croit timide ou trop fière,
Je cherche toujours qui je suis,
Et si je poursuis mes recherches
Je n’ai pas dans mes découvertes
Sondé les gouffres interdits ;

Alors je t’en supplie
Ne me condamne pas
Avant de me connaître,
Et ne me juge pas
Sans savoir qui je suis ;
D’après quelques poèmes,
Sur une simple nuit.

Ephémère

Je ne renie pas l’éphémère
Pour la simple et bonne raison
Que je vis de ces miettes 
Dont je fais ma moisson,
Car j’ai la sensation
D’avoir, omniprésente
Au-dessus de la tête,
L’épée de Damoclès.

Je suis sûre que tu comprends
Ce que c’est que vivre en suspens ;
Admettre que la vie s’arrête
À n’importe quel moment,
Je ne m’en sens pas du tout prête.

Et je m’accroche au lendemain,
Je suis les lignes de ma main
Et je m’invente un avenir
Où je vivrais assez longtemps,
Car je ne voudrais pas mourir
Avant d’avoir réalisé
Quelques uns de mes grands projets.

Si près de toi je suis sereine,
C’est que jamais cette tendresse
Que j’ai ressentie dans ta voix
Et qui m’a poussée dans tes bras
N’était parvenue jusqu’à moi
Avec cette intensité là,
Laissant ma porte ouverte au rêve.

Pardon d’avoir perdu la tête,
J’ai cru que l’on s’était compris.
Je cherchais un sens à ma vie ;
Maintenant que tout est plus clair,
Je comprends mieux ton « éphémère »
Et ton attitude envers moi…

Mais je suis prête à te donner,
Tant pis si ma vie est trop brève,
À te donner sans les compter
Ma tendresse et mon amitié.

Le temps d’un stage

Puisque l’on va partager
Avec des presque « étrangers »
Quelques bribes de son passé,
Sans savoir si ces inconnus
Seront demain à nos côtés,
Ni ce qu’ils auront retenu
De ces formations préparées
Avec ardeur et conviction,
Dans l’idée d’une transmission ;

Élaborer tant de projets
Avec des matins, des soirées
Que l’on voudrait vivre en commun,
Puis au rendez-vous des copains
En voir toujours d’autres arriver ;

Procéder avec égards,
Se plonger dans des regards
Qui commencent à pétiller,
Prendre le temps d’écouter
Les plus défavorisés,
Essayer d’être équitable,
De jouer cartes sur table

Et puis de loin en loin,
Un instant égarée
Par un parfum de pipe
Qu’on ne peut contourner…

Te deviner, te respirer
Te rencontrer, te retrouver
Et tâcher de te faire passer
Ce que je ne peux exprimer
Autrement que dans des pensées, 
Des mots écrits, inachevés,
Forts de tendresse accumulée.

Tant de choses

Tant de choses à dire ;
Le temps de te les dire,
Le temps de se revoir,
Il est presque trop tard.

Il y a bien sûr la fatigue
Et puis les instants de cafard,
Pourtant ce sont surtout tes lignes
Qui me font défaut, et ce soir
Je parviens enfin à t’écrire,
Mais j’ai le cœur plein de brouillard.

J’hésite à prendre mon envol
J’ai peur de tomber en plein vol.
J’ai cru à un mirage
Et je me suis trompée,
J’ai cru que cet orage
Je saurais le dompter ;

Mais je suis là, vaincue,
Un peu désemparée…
À peine convaincue
De pouvoir surmonter
À nouveau l’inconnu.

Comment veux-tu que je le croie
Celui-là qui me dira « Viens,
Viens près de moi, je suis si bien
Quand tu te blottis dans mes bras ! »?

Je sais le danger qui me guette,
Je ne veux pas fermer mon cœur
Au prochain qui me sourira,
Sous prétexte que le bonheur
Ne se brade pas comme ça.

Aujourd’hui chante le printemps 
Et moi j’ai le cœur en hiver.
Les forsythias jaune éclatant
Dressent leurs cierges flamboyants
Dans une explosion de lumière.

Printemps en décembre

Tu crois peut-être que c’est facile
D’écrire je t’aime dans un poème
Et d’avancer son cœur
Sur un plateau d’argent,
En n’étant pas certaine
Qu’on l’attende vraiment…?!

J’ai déjà pris le risque
De faire le premier pas ;
Je me suis trompée souvent,
J’ai tâché de prendre sur moi.

Je marche vers demain,
Qui me tendra la main ?
J’en sais si peu sur toi ;
Pourtant je suis heureuse
Quand tu es près de moi.

Je dois te dire que dans mes lettres
Je mets le meilleur de moi-même
Sans jamais chercher à paraître,
Alors quand on n’y répond pas…
C’était si long, ces trois semaines
À attendre un signe de toi !

Je crains de te voir englouti
Par ce métier si captivant
Et son cortège d’alibis
Qui te grignoteront la vie
Avant que tu en sois conscient.

Sans pour autant porter atteinte
Au noble travail que tu fais
Que je respecte infiniment,
Et auquel je dois l’agrément
De t’avoir un jour rencontré,
Il n’est pas de contrainte
Méritant d’entraver
Ta nécessaire vie privée.

Mais j’ai trop bavardé déjà ;
Si tu pouvais prendre le temps
De regarder autour de toi,
Tu comprendrais que le printemps
Peut naître en décembre parfois.