Traversée

On a traversé la vingtaine,
La trentaine comme on a pu,
Se confrontant à l’inconnu,
L’espoir en tête, le cœur à nu ;

Posant un à un les jalons
Tout en coulant les fondations
D’une solide construction
Pour y élever ses enfants…

On a cru, à la quarantaine,
Pouvoir savourer ses acquis,
Profiter un peu de la vie,
Mais ce n’était pas le moment.

Il fallut illico presto
Se poser les bonnes questions,
Modifier ses aspirations,
Jouer un autre concerto,

Savoir manier la godille
Sur la mer qui fait le gros dos,
Tout en écopant le bateau
Et laissant s’éloigner la quille…

Il a fallu changer sa route,
Apprendre à ramer, tu t’en doutes,
Longtemps et à contre-courant,
Tout en se méfiant des gens ;

Les menteurs et les hypocrites,
Baratineurs et parasites,
Les médiocres, les défaitistes,
Les intolérants, les laxistes…

Tout mauvais choix un jour se paye.
Quand est venue la cinquantaine,
Après les tourments et les peines
Ça m’a semblé presque trop beau.

Adieu les années de jeunesse
Prétendument jugées plus belles ;
Moi je savoure ce cadeau
Sans redouter la soixantaine.

Ignorant ce que me réserve
L’avenir et ses futurs maux,
J’avance en étant plus sereine
Et j’attends les coquelicots.

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