Grand Palais, salon d’art

– À Hovhannès –

Dans cet océan gigantesque

Recelant tant d’œuvres humaines,

Qu’est-ce qui fait que l’on s’arrête

Devant une huile ou un pastel,

Une sculpture, une aquarelle,

Une photo dans un sous-verre ?

Qu’est-ce qui touche en profondeur

L’être au point de le captiver,

L’œil vif et interrogateur,

Pris dans ses songes intérieurs,

Intrigué, fasciné peut-être,

Par ce qu’un autre a pu créer ?

Qu’est-ce qui charme ou qui saisit,

Dans ce que l’on a regardé ?

Quel est le point qui a vibré

Sur le nuancier de l’esprit ;

Un talent rare dont l’étincelle

Réveille notre âme endormie ?

Une émotion qui nous appelle

Du plus profond de nos envies ?

Cela nous fait pousser des ailes,

Dès lors que nous sommes conquis,

Découvrant d’autres passerelles

Nous apportant par leur magie

Des univers qui nous emmènent

Vers une possible embellie

De l’art que sans cesse on malmène

Mais qui réenchante la vie.

Bouquet d’arums

– À Hovhannès –

Collets candides, spathes nacrées,

Turquoise doux, lilas léger,

Pointes de jaune et d’orangé,

Sable, rosé, jade, bleuté,

Trace d’argent juste effleuré,

Fines touches acidulées

Venant leur éclat sublimer.

Corolles claires, geste habité,

Fraîcheur des teintes employées,

Camaïeu de tons printaniers

Aux pigments finement mêlés,

Poésie des blancs colorés ;

Tendre bouquet de mariée.

Nouveau départ, gamme nouvelle,

Autre regard, quête éternelle

D’un art transcendant la matière ;

Quand l’âme insuffle sa lumière

Captée au cœur de l’univers

Pour en transmettre la beauté.



D’après l’œuvre d’Hovhannès Haroutiounian,

Bouquet d’arums, Huile sur bois, 29,5 x 29,5 cm, 2024

Entre l’oud et le doudouk

– À Hovhannès –

Entre l’oud et le doudouk

J’écoute la pluie tomber ;

Et mon âme, libérée

D’une insondable tristesse,

S’envole se ressourcer

Sur la montagne sacrée,

Près des sommets enneigés

À la liliale beauté

D’une Arménie pittoresque

Aux monts jumeaux vénérés


Huile sur toile d’Hovhannès Haroutiounian.

Mont Ararat

60 x 73 cm. 2012

La création du monde

– À Hovhannès Haroutiounian –

La création du monde !

Comme si elle allait

Renaître sous nos yeux,

Et que la main de Dieu

Recommençait son œuvre

Pour nous émerveiller

Chaque jour et chaque heure,

Chaque nouveau matin

Étant un pur écrin

À la vie qui devient,

Quand chaque crépuscule

Éblouissant les nues

Est un doux préambule

À la nuit qui revient.

Et nous, que faisons-nous

De toutes ces beautés

Célestes, nébuleuses,

Intenses, fabuleuses,

Sinon que d’être là

À s’en enthousiasmer,

Ambassadeurs zélés

D’inspirantes promesses

Toujours renouvelées,

Chercheurs infatigables

Explorant d’impalpables

Émotions de jeunesse,

Créant sans nous lasser,

Des trésors contemplés,

Les mille et un reflets,

Pour qu’ils viennent briller

Dans le creux de nos mains,

Quand le monde s’éteint ?