Dis-moi

Mon bel amour, dis-moi,

Est-ce beaucoup dix mois ?

C’est déjà quelque chose

De sérieux je suppose,

Mais si peu quand j’y pense.

Il est vrai que ce n’est

Dans toute une existence

Qu’un battement de cils,

Un envol d’hirondelle ;

Cette durée précise,

Aussi brève soit-elle,

C’est le temps d’une vie

Laborieuse et modeste

Pour la simple fourmi,

Quand elle est ouvrière.

Dans tes bras

Me serrer dans tes bras

Et laisser ta douceur

Me chavirer le cœur

M’allonger contre toi

Et malgré l’inconfort

De ce lit de fortune,

M’irradier la peau

Au brasier de ton corps

Rallier ton drapeau

Et te prêter ma plume,

Voir briller ton regard

Les soirs de pleine lune

Associer ma voix

Au chant qui monte en toi,

Consciente du bonheur

Qui s’invite ici-bas

Occulter la douleur

Qui bientôt surviendra,

Quand chacun partira

Empruntant, résigné,

Deux lignes opposées.

Comprendre

Faut-il comprendre les choses,
Où seulement les aimer,
Comme on peut aimer les roses
Sans rien connaître aux rosiers ?

Faut-il comprendre les êtres
Que l’on apprend à connaître
Ou juste se contenter
D’être là, à leur côté ?

Ne plus poser de question
Ne plus s’en poser aussi,
Ne pas ouvrir une brèche
Où s’engouffrerait le doute,
Esprit malin que l’on redoute
Qui s’immisce sans un bruit,
Détruisant tout sur sa route,

Et pareil à un rongeur,
Grignote de l’intérieur
Notre cerveau et notre âme,
Profitant de cette alarme
Qui met le cœur aux abois
Pour fragiliser nos choix ?

Faut-il verrouiller la porte
Des légitimes questions,
Se couper en quelque sorte
De regrettables soupçons,
S’accorder un peu de temps,
Prendre pour argent comptant
L’honnêteté apparente,
Les intentions inspirantes
De celui qui nous enchante
De ses pensées attachantes ?

Sans craindre ce qu’il en coûte,
Se mettre juste à l’écoute
Des plus sincères discours
Et des gestes de velours
Qui illuminent ma prose,
Et font qu’un matin l’on ose
Sortir de sa tour d’ivoire
Pour commencer une histoire ;

Ne rien faire et ne rien dire
Qui puisse un matin nous nuire,
Ne jamais remettre en cause
Ce qui nous semble important,
Permettre le libre cours
De la vie dont on dispose
Et protéger nos amours,
Préserver nos sentiments.

Je veux goûter à la chance
De côtoyer, même si
Ce doit être en pointillés,
Quelqu’un qui me fait confiance,
M’accepte sans me juger
Telle que je suis aujourd’hui,

Et qui aime simplement
Sans se soucier du passé,
Mes sourires et mes silences,
Mes défauts, mes qualités,
Mes enfants, ma poésie.

Il fait si beau

Il fait si beau, il fait si bon ;
Dans les airs, sous l’eau, sur la terre,
Chacun sait ce qu’il a à faire
Et vaque à ses occupations,
Tandis que moi je réfléchis
À tout ce que tu m’as appris.

J’aimerais être digne
De la confiance que tu me fais
Et ne te décevoir jamais
Ou en tout cas le moins possible.

J’ai encore tellement
De choses à apprendre
Que ma vie n’y suffira pas,
Mais si je parvenais
Au moins à te comprendre
Ce serait déjà ça.

Où es-tu ?

Où es-tu mon amour ?
Je te cherche sans cesse,
La nuit comme le jour ;
Dans l’écho de tes mots,
L’empreinte de tes gestes,
Les souvenirs qui restent
Quand tout s’éteint autour.

Où es-tu mon amour ?
Le temps qui pourtant file
Soudain me paraît long.
La fraîcheur du dehors
Sournoisement s’infiltre
Et refroidit les jours
De ce beau mois d’avril.

Où sont-donc, mon amour,
Ta force et ta douceur ?
Je me sens un peu seule,
Ta présence me manque.
Je suis loin de tes bras
Et loin de ta chaleur,
Ton regard n’est pas là
Qui sait m’envelopper
De sa tendre lueur
Et réveiller mon cœur.