Un an déjà

Un an déjà, tu te rends compte,

C’est beaucoup et tellement peu

C’est trois fois rien dans l’existence,

Un cycle complet des saisons

Et de longues conversations

Passées à comprendre le monde ;

Mais puisque nos cœurs sont heureux

Je ne veux pas d’autre partance.

Bien que de lourds nuages sombres

Passent au-dessus de nos têtes,

Bien que la pluie aujourd’hui tombe

Et que peut-être je m’entête

À garder notre amour au sec ;

Si l’eau brouille un peu le décor,

Pourvu qu’elle reste dehors

Pour que jamais plus ne s’inondent

Mes yeux qui dans tes yeux se fondent

Puisque nous sommes tous les deux,

Mon âme est très reconnaissante

À la vie, encor une fois,

De m’avoir accordé la joie

De ce bel intermède-là.

Hier et aujourd’hui

Hier j’avais des sandales,
Une robe légère,
Des interrogations
Qui font jaillir de l’eau
Jusque sous les paupières…

Aujourd’hui c’est la pluie
Qui mouille l’atmosphère.

Hier j’avais tes paroles
Vibrantes et sûres d’elles
Et tous ces sentiments
Qui rassurent et apaisent ;

Trop beaux pour que je n’aie
Pas peur qu’ils disparaissent
Derrière la brume épaisse
D’un écran de fumée…

Aujourd’hui je repense
Aux mots qui chahutaient
Dans un coin de ma tête
Sans pouvoir s’exprimer ;
Et ceux qui s’échappaient
Peu à peu de mes lèvres…

Pas les plus importants…

C’est si intimidant
D’énoncer simplement
Les mots qui nous libèrent.

Avec moi

Sur le blond sable fin
Sculpté de douces dunes
Par les flux et reflux
De ces courants marins,
Paisiblement portée
Par la félicité
De nager simplement,
 
Dans l’eau claire, vivante,
Fluide et transparente
Qui coulait sous mes doigts
Quand j’y glissais les mains,
Me laissant à la joie
De savourer l’instant
Dans ces flots de satin,
 
Dans cet air assombri
Des fumées d’incendie,
Vrombissant par moment
Du va et vient rapide
D’un canadair agile
Poursuivant sa mission,
 
Sous l’azur accablant 
Un instant traversé
Par un oiseau qui plane,
Me laissant sous le charme
De son plumage blanc
Aux accents mouchetés,
 
Sur l’onde miroitant
De mille ondulations
Où le soleil faisait
Trembloter ses reflets
Dans l’axe du couchant,
 
Sous la lune d’argent,
Quand le ciel vire au mauve
Et se métamorphose
Entre nuages roses
Et orangés troublants…
 
Tu étais avec moi.

J’ai hâte

Oubliant pour un temps
Cette vie citadine,
J’ai hâte que tu viennes
Dévaler mes collines
Contempler mes vallons,
Respirer mes forêts,
Goûter l’eau pure et fraîche
Puisée à ma rivière ;
 
Caresser du regard
Mes champs d’herbe sauvage
Ou de seigle soyeux
Ondoyant comme vagues
Sous la brise estivale
D’un zéphyr amoureux
Et t’en trouver heureux ;
 
Parcourir mes sentiers
Dans l’ombre ou la lumière,
Promeneur solitaire,
Pour y cueillir des baies ;
Explorer les secrets
Des grottes souterraines
Entre mousse et fougères,
Et t’y abandonner.