– À L. –
Oh ce ravissement !
Symphonie du présent,
Comme un charme éclatant
Au seuil d’un nouveau temps…
Rêve d’une Maman.
– À L. –
Oh ce ravissement !
Symphonie du présent,
Comme un charme éclatant
Au seuil d’un nouveau temps…
Rêve d’une Maman.
– À ma fille –
Je me souviens de ce moment
Si singulier et hors du temps,
Gravé au plus profond de moi ;
Je me souviens de cet état,
De l’inconnu de ce jour-là.
Je me souviens dans un brouillard
D’une salle au blanc carrelage,
De son éclairage blafard ;
Des graphismes oscillatoires
Soulignant nos rythmes cardiaques.
Je me souviens de la fatigue,
Des contractions qui se propagent,
De la douleur qui se dessine,
Du sifflement de la machine
Perçant le silence du soir.
Je me souviens de cette attente,
Des allées et venues fréquentes,
De l’agitation grandissante,
Du souffle court, de la poussée,
Des tremblements incontrôlés.
Je me souviens des à-côtés ;
D’une présence appréciée,
Du bienfait de l’eau brumisée
Dans la bouche et sur le visage,
De l’empathie des sages-femmes.
Je me souviens du temps d’après,
Du sang et des chairs suturées ;
Tant d’efforts, de douleurs, de cris,
Tandis que l’on donne la vie
Du plus profond de l’énergie
Qui précède nos destinées.
Je me souviens d’un corps vanné,
Endolori et méritant,
Rêvant qu’on lui fiche la paix ;
Du cordon qui nous reliait,
Palpitant encor quelques temps.
Je me souviens, c’était si beau,
D’un bébé posé sur ma peau,
La bouche avide de téter ;
Récompense ultime du jour
Et couronnement de l’amour.
Je me souviens, c’est dérisoire,
D’un plateau-repas sur le tard
Savouré comme un grand festin,
Le jeûne stimulant ma faim.
Je me souviens de cette chambre,
Irréelle au bout du couloir
Et, par moments, de cris de femmes
Qui résonnaient dans la nuit noire,
Tel un écho dans le lointain,
Accélérant mon pouls soudain.
Je me souviens de la conscience
Du nécessaire cheminement
Qui mène au rôle de parent ;
De la responsabilité
Assumée devant l’existence,
Qui me suivrait jusqu’à la fin.
Je me souviens de ce berceau,
Prolongement d’une lignée,
Témoin d’une nouvelle histoire,
Où reposait un nouveau-né,
Que je caressais du regard.
Je me souviens de toi, bébé,
Que je contemplais sans y croire,
Entre étonnement et espoir ;
Le plus merveilleux des cadeaux
Que l’on puisse un jour recevoir.
– À L. –
Promenade au clair de lune,
Pleine lune, clair de femme
Qui lentement déambule
Dans la lumière du soir
Et le bébé dans sa bulle,
Bercé par ce cœur qui bat,
Se cale à cette pendule
Et au rythme de ses pas.
– À L. –
Lune qui règne sans partage
Sur les marées et sur les femmes,
Influençant nos existences
À une appréciable distance,
Déclencheras-tu cette vague
Qui guide le bébé vers de nouveaux rivages ?
L’invitant simplement à quitter sans dommages
Un monde entouré d’eau pour un autre berceau,
L’osmose maternelle pour un autre univers ;
Pour vivre sur la terre un singulier voyage
Et goûter la caresse d’un tendre peau à peau.
La vie réserve des moments
Qui nous plongent dans le tourment
Sans que l’on n’y puisse rien faire ;
Le jour où l’un de ses parents
Change soudain de caractère,
En proie à de folles chimères.
L’enfant devient alors parent
De l’adulte de son enfance
Redevenu petit enfant,
Prisonnier de la dépendance,
Perdant ce qui avait forgé
Sa riche personnalité.
Et l’on se retrouve impuissant
Devant la triste déchéance
Qui nous ravit cet être cher,
Bousculé par la fulgurance
De cette descente aux enfers
Pour laquelle on est sans remède.
C’est un douloureux crève-cœur
Qui ne nous laisse pas indemne ;
L’on ne revient pas en arrière
De ce cataclysme intérieur,
Face à l’anéantissement
D’un pilier de sa jeunesse.
C’est la fin de l’âge insouciant
Où l’on se reposait, confiant,
Sur une épaule familière…
C’est un phare dans la tempête
Qu’inéluctablement l’on perd
Et qui nous laisse un goût amer.