Un ruisselet

– À ma fille


Un ruisselet coule le long de la plaine,

S’attarde, musarde, tâtonne, se traîne,

Lézarde et s’échappe, se cherche et se perd,

Hésite et se lance dans la découverte

Le ruisselet glisse sur l’argile fraîche,

Chantonne et gambade dans sa robe claire,

Bavardant joyeux près des rives vertes

Des roseaux, des joncs et des salicaires

Un ruisseau sautille parmi les vallons,

Chaloupe et gambille sur son lit calcaire,

Se râpe parfois dans les gravillons

Tapissant la sente qu’il suit sans s’en faire

Le ruisseau jaillit, source cristalline,

Dévale la pente le long des collines,

Prend de la vitesse, se sent invincible,

Tout à l’allégresse du vent qui l’enivre

Le ruisseau bondit, court à perdre haleine,

Se frotte et se griffe aux ronces des berges,

Se cogne et se blesse, le cœur en alerte,

Sur les roches grises aux vives arêtes

La rivière gonfle sous l’eau de la pluie

Qui descend sur elle depuis quelques nuits,

Grosses larmes tièdes qui tombent sans bruit

Et qui l’accompagnent dans ses insomnies

La rivière file, au gré des courants,

Traverse les champs jusqu’à l’affluent

Où elle se jette, comme on s’étourdit

Pour se libérer d’une frénésie

Qui lui a laissé si peu de répit

La rivière coule, le corps aguerri,

L’esprit libéré, jusqu’à l’estuaire

D’où elle pourra rejoindre la mer,

Le cœur assagi et l’âme sereine.




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