Que vous dire

– À Julien Hoquet –


Mon ami je ne sais pas
Que vous dire en pareil cas ;
Que conseiller, qui maudire,
Comment doit-on réagir
Face à l’ultime combat
Se livrant sous votre toit ?
 
Cette vie qui se termine
D’une façon si pénible
Pourrait vous anéantir
Si l’on ne s’en soucie pas.
Puis-je adoucir votre peine
Et partager votre croix
Pour en alléger le poids ?
 
Je ne saurais vous laisser,
Comme si de rien n’était,
Dans ce chagrin indicible…
Et si votre cœur se brise
Je serai à vos côtés
Jusqu’à ce qu’il cicatrise.

Vous vous frôlerez la main

Vous vous frôlerez la main
Avant de mêler vos doigts,
Cheminerez en silence
Ou murmurerez tout bas
Des phrases sans importance
Pour éviter que s’entende
Votre cœur qui bat déjà
Follement dans la poitrine.
 
Vous ne regarderez pas
Son visage pour ne pas
Que le trouble s’y devine,
Mais quand vous aurez franchi
Ce cap un peu délicat,
Vous ne pourrez détacher
Vos yeux pris dans ses pupilles.
 
Alors vous rechercherez
Un lieu pour aller danser
Votre premier pas de deux,
Aussi touchants qu’amoureux,
Si timides, maladroits,
Tendres comme on l’est parfois
À cet âge de la vie
Où la conscience de soi
Nous mène à celle d’autrui.
 
Les amours adolescentes
Ont la candeur des émois,
Et ce goût particulier
Des toutes premières fois ;
C’est cette grâce innocente
Que l’on garde et qui flamboie
Pour toujours au fond de soi.

Quand vous parlez d’Elle

– À Julien Hoquet –


Quand vous parlez d’Elle,
Mon ami lointain,
Quand vous parlez d’Elle
Je devine bien
Combien vous est chère,
Mon ami lointain,
Celle qui partage
Votre quotidien.
 
Quand vous parlez d’Elle,
Mon ami lointain,
Quand vous parlez d’Elle
Votre amour déteint
Dans votre voix même,
Mon ami lointain,
Et vos mots pour Elle
D’affection sont pleins.
 
Quand vous parlez d’Elle,
Mon ami lointain,
Quand vous parlez d’Elle
L’émoi vous étreint,
Car la vie vous presse,
Mon ami lointain,
De vivre l’instant
Selon votre instinct.
 
Quand vous parlez d’Elle,
Mon ami lointain,
Quand vous parlez d’Elle
La peine m’atteint,
Car la vie vous blesse,
Mon ami lointain,
Et rude vous laisse,
En proie au chagrin

Une histoire douce

– À Cécile –


C’était une histoire douce
Comme nous en rêvons tous
Quand la vie nous a blessé
Et que l’on a supporté
Ses douloureuses secousses ;
 
La traversée du désert,
En longues années amères,
Avant de croiser la route
De l’Amour, sans aucun doute.
 
Le musicien a soufflé
Dans le bois d’abricotier
 
Le musicien a joué
Sa poignante mélopée
 
Le musicien a conquis
Les oreilles de sa belle
 
Mais le doudouk ensorcelle
L’âme bien mieux que l’ouïe.
 
Elle a trouvé l’âme sœur
Et lui, son ange gardien.
Par la force de ce lien,
Tendrement ils ont bâti
L’assise de leur demeure
Dans la paix et l’harmonie,
 
Partageant au fil des jours
La promesse du bonheur
Et la tendresse d’un cœur,
Qui s’habille de velours…
 
Mais la vie reprend toujours
Les cadeaux qu’elle nous fait,
Nous rappelant sans détour
L’impermanence des jours.
 
Le musicien a quitté
Son existence terrestre,
Pour gagner l’éternité
Dont il a rejoint l’orchestre.


En hommage à Arayik BAKHTIKYAN, maître du doudouk.

Un cœur dans le ciel

Si l’on veut se prêter
À cette fantaisie,
La vie est étonnante
Et nous envoie des signes
Empreints de poésie ;
 
Dans l’aurore naissante,
Je regardais le ciel
D’un bel azur limpide
Qui se teintait de rose,
Au-dessus de Paris,
 
Lorsque surgit soudain,
Devant mes yeux ravis,
Flottant au gré du vent,
Un gros ballon brillant
Libéré de son lien.
 
C’était un cœur géant
Envolé dans l’éther,
Rose métallisé,
Dérivant dans les airs
En pleine liberté…
 
Quelle main étourdie
A bien pu le lâcher ?
Quel amoureux transi,
Ou quel enfant distrait
L’a laissé s’échapper ?
 
Je le suis du regard,
Navigant au hasard,
Jusqu’à ce qu’il s’éloigne
De mon champ de vision,
 
Poursuivant sa mission
Pour peu que quelqu’un veuille
Observer son parcours,
Et garder dans le cœur
Ce flamboyant clin d’œil,
Symbole de l’amour.