Grande sœur et petit frère

– À ma mère  –


Grande sœur et petit frère

Ajoncs d’or, rose bruyère,

Petit frère et grande sœur

Aller-simple du bonheur

Grande sœur et petit frère

Âme digne, cœur sincère,

Petit frère et grande sœur

La tendresse et la pudeur

Grande sœur et petit frère

L’art est nimbé de mystère,

Petit frère et grande sœur

Entre partage et ferveur

Grande sœur et petit frère

La douleur et les prières,

Petit frère et grande sœur

Tant de richesse intérieure.


Une vie qui jaillit

Cette joie qui naît un matin

D’une vie qui jaillit soudain,

Et ces chansons que l’on fredonne

Ces mots tendres que l’on chuchote

Au nourrisson que l’on dorlote ;

Ces cœurs tissant de nouveaux liens

C’est l’émotion d’une promesse,

L’élan spontané de tendresse

D’un bonheur qui nous réconforte.


Thomas est né le 28 décembre 2022…
Félicitations aux heureux parents !

Départ imminent

Va-et-vient pressés, cadeaux emportés

Un œil sur la montre, valises bouclées

Départ imminent, ne pas lambiner

Trajets entassées, dos et bras chargés

Marche accélérée jusqu’au bout du quai

Avant de pouvoir s’asseoir et souffler ;

Dernières minutes de chaque côté

De la grande vitre aux ternes reflets

En langue des signes, baisers échangés

Avant que le train ne quitte l’arrêt ;

Le soudain vertige d’un quai déserté ;

Le temps du silence présent désormais

Rails apparents, gare désolée,

Retour esseulée dans l’immensité

D’une ville grise sans aucun attrait ;

Puis la pluie s’invite, larmes ruisselées.

Tourbillon des jours

Tourbillon des jours chèrement gagnés,

En ce temps béni qui nous réunit

Autour du sapin si bien décoré

Heures qui s’allongent, temps multiplié

Marche à pas feutrés, phrases chuchotées

Lueurs tamisées, pleurs, douleur et cris

Dents qui se préparent, gencives enflées,

Sommeil agité, fièvre en dents de scie

Paupières plombées, fatigue infinie ;

Au cœur de la nuit un enfant est né

Un ruisselet

– À ma fille


Un ruisselet coule le long de la plaine,

S’attarde, musarde, tâtonne, se traîne,

Lézarde et s’échappe, se cherche et se perd,

Hésite et se lance dans la découverte

Le ruisselet glisse sur l’argile fraîche,

Chantonne et gambade dans sa robe claire,

Bavardant joyeux près des rives vertes

Des roseaux, des joncs et des salicaires

Un ruisseau sautille parmi les vallons,

Chaloupe et gambille sur son lit calcaire,

Se râpe parfois dans les gravillons

Tapissant la sente qu’il suit sans s’en faire

Le ruisseau jaillit, source cristalline,

Dévale la pente le long des collines,

Prend de la vitesse, se sent invincible,

Tout à l’allégresse du vent qui l’enivre

Le ruisseau bondit, court à perdre haleine,

Se frotte et se griffe aux ronces des berges,

Se cogne et se blesse, le cœur en alerte,

Sur les roches grises aux vives arêtes

La rivière gonfle sous l’eau de la pluie

Qui descend sur elle depuis quelques nuits,

Grosses larmes tièdes qui tombent sans bruit

Et qui l’accompagnent dans ses insomnies

La rivière file, au gré des courants,

Traverse les champs jusqu’à l’affluent

Où elle se jette, comme on s’étourdit

Pour se libérer d’une frénésie

Qui lui a laissé si peu de répit

La rivière coule, le corps aguerri,

L’esprit libéré, jusqu’à l’estuaire

D’où elle pourra rejoindre la mer,

Le cœur assagi et l’âme sereine.