Promenade d’été
Dans Paris déserté,
Le square d’à côté
Nous offre un de ses bancs
Pour s’asseoir un moment.
Il fait encore très chaud
Et l’on peut déguster
Un esquimau glacé,
Petite parenthèse
Aux saveurs oubliées.
Des enfants font des bulles
De savon irisées ;
Jaillissant en cascades
Elles viennent nous frôler,
Transparences moirées.
Poussées au gré du vent
Elles s’envolent ou se posent.
Un instant elles exposent
Leurs reflets chatoyants
Pour mieux être admirées,
Puis éclatent sans bruit,
Disparaissent en laissant
Sur la peinture verte
Du bois de notre banc,
La poussière de l’allée
Ou le gazon coupé ;
Éclaboussures fraîches,
Vivifiants mouchetis,
Fines traces mouillées
Trop vite évanouies
Au soleil de juillet.
Dans le kiosque à musique
Des jeunes s’initient
À la flûte de Pan,
Ignorés des passants…
Je pense à toi, ma fille,
Flûtiste et étudiante,
Musicienne dans l’âme,
Motivée, assidue,
Brillante et résolue,
Vaillante et opiniâtre,
Qui poursuis loin des tiens,
Dans un autre pays,
Le chemin de ta vie,
Et qui t’y trouves bien.
Archives de la catégorie : Famille et Enfants
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Départ
– À ma fille –
La nuit était bien noire quand nous sommes parties,
Le trottoir résonnait de l’étrange musique
Que font nos pas avant que s’éveille la ville.
Il faisait encor doux, les oiseaux gazouillaient
Comme un matin de mai, bien qu’on soit fin novembre,
Et je t’accompagnais où ton cœur te guidait,
Profitant des instants où l’on était ensemble,
Avant que tu ne partes une semaine au loin
Étudier au lycée de l’internat de Reims.
Dans le métro déjà, peu à peu tu songeais
À ces futurs trajets que tu ferais sans moi,
Et je t’ai vue sourire, une nouvelle fois
Pendant que pianotaient avec agilité
Tes doigts sur l’écran lisse, tactile, d’un portable,
Outil indispensable aux jeunes de ton âge
Te reliant aux autres ; échangeant des messages
Avec tes équipières, tes copines de classe…
Je voyais le visage d’une jeune fille calme
Qui semblait plus sereine, plus heureuse de vivre,
Et moi qui suis ta mère, attendant ton départ,
Debout et solitaire sur le quai de la gare,
J’en ai été plus fière que je ne saurais dire.
Se peut-il, mon enfant
Se peut-il, mon enfant,
Que je ne parvienne pas
À comprendre tes non-dits,
Savoir ce que tu ressens,
Entendre ce que tu dis,
T’aimer comme tu l’attends ?
Se peut-il que tu t’infliges
D’inavouables brimades,
Pour te venger de qui,
Ou pour expier quoi ?
Quelle est cette souffrance
Que je ne comprends pas,
Mais qui pourtant te ronge,
Te laissant dans un état
Dont je m’accuse déjà ?
Se peut-il que ce lien,
Cultivé avec soin,
Injustement boudé
Par ton adolescence,
Puisse être mis à mal,
Se délite, se casse,
Ou soit endommagé
Sans rien pouvoir changer
À ce triste constat ?
Se peut-il que la vie
T’éloigne davantage,
Et que tu déménages
Pour être loin de moi ?
Cela me désespère
De ne rien savoir faire
Contre ce mal sournois.
Saisir l’instant
La vie égrène ses années, à petits pas, sans se presser.
Les peines et les joies alternent sans arrêt,
Épreuves ou récompenses se plaisent à nous surprendre.
Que ça nous plaise ou pas il faut les accueillir
Comme deux sœurs de lait.
Quand les enfants vont bien, quand les familles s’entendent
Et que l’on peut passer d’excellentes soirées,
Partager un spectacle, un concert, des idées,
Un film au cinéma, un repas chaleureux
Où l’on apprend à faire un peu mieux connaissance,
Que peut-on demander de plus à l’existence ?
Lors il faut oublier les souffrances d’hier,
Ne pas anticiper les drames de demain,
Pour saisir le moment unique et éphémère,
Cet instant si précieux où s’éclairent les yeux
Des petits, éblouis par toutes les lumières
Qui scintillent dans le ciel un peu artificiel
Du chapiteau dressé dans le Cirque d’Hiver.
Candide admiration, frissons d’appréhension,
Quand la musique entraîne dans un autre univers,
Quand le décor transporte, quand la magie opère,
On les voit devenir, le temps d’un numéro ;
Acrobate à vélo, jongleur, équilibriste,
Dompteur ou écuyère, clown ou contorsionniste.
Ce bonheur si fugace qu’on ne peut l’attraper,
Tout juste pourrait-on en caresser la traîne,
L’effleurer un instant et goûter, ô merveille,
La rosée passagère, pure, fraîche et légère
Qui étanche la soif que l’on a d’être heureux.
On met au monde
On met au monde des enfants
Parce qu’on les aime et que l’on a
Tellement d’amour à donner…
Et de la tendresse à revendre !
On pense pouvoir arriver
À les rendre heureux, les combler
De ce qui a pu nous manquer,
Hors du matériel qui nous plombe ;
On a veillé sur leur sommeil,
Sur leur santé, leurs découvertes,
On a essayé de transmettre
Ce que l’on pouvait partager,
On a pansé leurs plaies,
Consolé leurs chagrins,
Voulu leur indiquer
Quel est le droit chemin,
On a calmé leurs peurs,
Applaudi leurs exploits,
On a séché des pleurs
Sur leurs charmants minois,
On a perfusé notre amour
Tout au long des nuits et des jours,
Et tout ça pour réaliser
Que l’on s’est peut-être trompé…
A-t-on pu passer à côté
Des êtres que l’on chérissait ?
C’est difficile à accepter
Bien que cela soit souvent vrai.
En découvrant le pot aux roses
Il faut bien se remettre en cause,
Que ce soit par manque ou excès
Trouver où le bât a blessé ;
Pour en corriger les effets,
Faire un bilan sans concession
Et ne plus se laisser bercer
Par de trompeuses illusions.