Elles dorment toutes les deux,
Détendues, tranquillisées,
Couchées l’une contre l’autre
Tout conflit désamorcé.
Elles dorment, abandonnées,
Leurs chevelures mêlées,
Et leurs visages si proches
Peuvent presque se toucher.
Elles dorment, sans se lasser.
La lumière de l’été
Passe à travers les volets,
Effleurant leurs yeux fermés.
Elles dorment ; et quand leurs lèvres
Délicatement s’entrouvrent,
Je peux percevoir leur souffle
Et parfois je vois leurs rêves
Dessiner sous leurs paupières
Des mouvements saccadés
Tandis que leur doigts légers
Aux gestes désordonnés
Caressent doucement l’air.
Elles dorment, le cœur en paix,
La tête sur l’oreiller ;
Rien ne peut leur arriver
Car leur mère est là qui veille
Sur le paisible sommeil
De ses filles bien-aimées.
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Cet enfant
Cet enfant dans le métro
Qui se tient près de sa mère
M’observe sans dire un mot
Tandis que ses yeux s’éclairent
Cet enfant qui me regarde,
Dans la rame surchargée,
A capturé mon regard
Et ne l’a jamais quitté
Ce garçon à la peau noire
Et au regard si profond
S’est noyé dans mon regard
Comme dans un puits sans fond
Cet enfant qui m’attendrit
Me regarde sans détour
Et me rendant mon sourire,
Ses yeux sourient à leur tour
Cet enfant qui me sourit,
Cerné par des corps serrés
Agglutinés à la barre,
Reste debout sans bouger,
Accroché à mon regard
Cet enfant qui me fait face
A la candeur d’un agneau,
Et lorsque sa bouche esquisse
L’arrondi de son sourire,
Une lumière paisible
Illumine son visage
Et s’attarde sur sa peau
Cet enfant aux yeux de jais
Peut-être âgé de sept ans,
Me sourit sans se lasser,
Rivant sur moi ses pupilles
De charbon de bois brûlant
Cet enfant aux yeux si doux,
Au minois si délicat,
Porte telle une évidence
L’innocence de l’enfance,
Celle qui ne trompe pas,
Et libère tout à coup
Le plus secret des passages,
Celui qui conduit à l’âme,
Et que l’on ne cherchait pas.
Ce soir dans la foule dense
Rayonnait une présence.
Souriez si ça vous chante,
Croyez-le si ça vous tente ;
Ce soir, j’ai croisé un ange.
Je t’ai laissée
– À ma fille –
Je t’ai laissée toute seule, avec ton gros sac à dos,
Toute seule à cette table, avec un chocolat chaud
Un chocolat chaud fumant, déposé sur un plateau,
Un plateau dans une gare, attendant que le panneau
Le panneau bleu des départs ou l’annonce par micro,
Micro à la voix suave signalant avec des mots
Des mots distincts et courtois, comment rejoindre illico
Illico presto les quais des trains internationaux.
Je t’ai laissée toute seule, avec ton pesant fardeau,
Fardeau alourdi de livres qui pesaient plusieurs kilos,
Kilos de littérature choisie avec le brio
Brio d’un esprit curieux de se plonger dans les mots ;
Mots d’autrices et d’auteurs qui t’entraîneront plus haut
Plus haut que pourraient le faire médias et jeux vidéo.
Je t’ai laissée toute seule, avec le cœur un peu gros,
Gros d’un amour maternel, triste que tu sois bientôt
Bientôt loin de ta famille, même si grâce aux textos,
Aux textos et au portable, je peux entendre l’écho
L’écho de ta voix ravie de te trouver à nouveau,
À nouveau dans cette ville dont tu aimes le château,
Le château et l’atmosphère, les promenades à vélo
À vélo pour explorer la forêt, incognito,
Incognito et comblée d’écouter les chants d’oiseaux
Les chants d’oiseaux et la flûte, le clavecin, le piano ;
Piano dont tes doigts agiles puisent de beaux concertos.
Je t’ai laissée toute seule, et je reste avec mes mots…
Ma tourterelle
Au ciel d’été
Déploie tes ailes,
Ma tourterelle,
Pour t’envoler
Vers le soleil
Et savourer
Ta liberté
Un dimanche de juillet
Promenade d’été
Dans Paris déserté,
Le square d’à côté
Nous offre un de ses bancs
Pour s’asseoir un moment.
Il fait encore très chaud
Et l’on peut déguster
Un esquimau glacé,
Petite parenthèse
Aux saveurs oubliées.
Des enfants font des bulles
De savon irisées ;
Jaillissant en cascades
Elles viennent nous frôler,
Transparences moirées.
Poussées au gré du vent
Elles s’envolent ou se posent.
Un instant elles exposent
Leurs reflets chatoyants
Pour mieux être admirées,
Puis éclatent sans bruit,
Disparaissent en laissant
Sur la peinture verte
Du bois de notre banc,
La poussière de l’allée
Ou le gazon coupé ;
Éclaboussures fraîches,
Vivifiants mouchetis,
Fines traces mouillées
Trop vite évanouies
Au soleil de juillet.
Dans le kiosque à musique
Des jeunes s’initient
À la flûte de Pan,
Ignorés des passants…
Je pense à toi, ma fille,
Flûtiste et étudiante,
Musicienne dans l’âme,
Motivée, assidue,
Brillante et résolue,
Vaillante et opiniâtre,
Qui poursuis loin des tiens,
Dans un autre pays,
Le chemin de ta vie,
Et qui t’y trouves bien.
