Printemps en décembre

Tu crois peut-être que c’est facile
D’écrire je t’aime dans un poème
Et d’avancer son cœur
Sur un plateau d’argent,
En n’étant pas certaine
Qu’on l’attende vraiment…?!

J’ai déjà pris le risque
De faire le premier pas ;
Je me suis trompée souvent,
J’ai tâché de prendre sur moi.

Je marche vers demain,
Qui me tendra la main ?
J’en sais si peu sur toi ;
Pourtant je suis heureuse
Quand tu es près de moi.

Je dois te dire que dans mes lettres
Je mets le meilleur de moi-même
Sans jamais chercher à paraître,
Alors quand on n’y répond pas…
C’était si long, ces trois semaines
À attendre un signe de toi !

Je crains de te voir englouti
Par ce métier si captivant
Et son cortège d’alibis
Qui te grignoteront la vie
Avant que tu en sois conscient.

Sans pour autant porter atteinte
Au noble travail que tu fais
Que je respecte infiniment,
Et auquel je dois l’agrément
De t’avoir un jour rencontré,
Il n’est pas de contrainte
Méritant d’entraver
Ta nécessaire vie privée.

Mais j’ai trop bavardé déjà ;
Si tu pouvais prendre le temps
De regarder autour de toi,
Tu comprendrais que le printemps
Peut naître en décembre parfois.

Chrysalide

Ai-je eu tort de dire que je t’aime,
Si l’amour n’est que ce qu’il reste
Quand les émotions sont passées ?!

Ça voudrait dire de patienter
Pour connaître ses sentiments
Que l’élan se soit dissipé,
Qui enflamme un cœur imprudent…

Faut-il attendre qu’il fasse nuit
Pour savoir qu’un soleil brillait
Dont on n’a pas su profiter ?

Si notre amour était bien vrai
L’épreuve n’aurait rien changé,
Mais s’il était un peu fragile
Jamais il ne s’en remettrait,
Et lors, qu’aurions-nous pu gagner ?

Des doux baisers, des gestes tendres,
Il ne resterait que des cendres,
Et nous serions bien avancés !
L’amour est une chrysalide,
Il faut bien qu’on le consolide
Avant de pouvoir l’éprouver ;

Attendre que le temps agisse
Et que la nature accomplisse
La féerie de ses destins
Par la magie de ses desseins,

Métamorphosant les guenilles
De la candide Cendrillon
Et la plus modeste chenille
En un splendide papillon.

Peut-être demain

Le ciel est bleu
La vigne rouge
Et les feuilles tombées
S’amassent dans la cour…
C’est trop tard pour aujourd’hui
Mais peut-être demain, demain

Le soleil chaud
Derrière la vitre,
Un morceau de la lune
Nous est resté visible…
C’est trop tard pour aujourd’hui
Mais peut-être demain, demain

Le soir descend
Le vent se couche,
Mon cœur est à peine plus lourd ;
Désespérément impassible
La boîte aux lettres reste vide…
C’est trop tard pour aujourd’hui
Mais peut-être demain, demain.



– Je vous parle d’un temps où les téléphones portables n’existaient pas… Ou pas pour le commun des mortels ; où le téléphone fixe était exclusivement réservé aux appels urgents ou sérieux; où les mots d’amour ne pouvaient arriver que par voie postale ; où la boîte aux lettres pouvait devenir l’amie la plus précieuse qui soJe vous parle d’un temps où les téléphones portables n’existaient pas.


Je vous parle d’un temps où le téléphone portable n’existait pas.

Ou pas pour le commun des mortels ;

où le téléphone fixe était exclusivement réservé aux appels urgents ou sérieux ;

où les mots d’amour ne pouvaient arriver que par voie postale ;

où la boîte aux lettres pouvait devenir l’amie la plus précieuse qui soit…


Je me suis vue

Je me suis vue
Marcher dans la foule,
Tellement désemparée ;
Je me suis vue
Captive d’un moule
Qui lentement m’étouffait.

Je me suis vue
Aspirée par la nuit,
Que tant je redoutais ;
Je me suis vue à la merci
De mes peurs et de mes regrets.

Je me suis vue mendier l’amour
Qu’à juste titre tu refusais,
Je me suis vue au petit jour
Désespérément affamée.

J’ai besoin de ton sourire
Pour adoucir l’Avenir,
J’ai besoin de ton soleil
Pour réchauffer mes ténèbres,

J’ai besoin de tes conseils,
Besoin que tu me rassures
Besoin que tu me bouscules
Besoin que tu me comprennes.

Une autre vie

Déjà je perds cette fraîcheur
Qu’hier peut-être j’évoquais…
Les mots pureté, propreté,
Dans les méandres de ton cœur 
Me sont-ils toujours attribués ?

J’ai perdu de cette insouciance
De lorsque je t’ai rencontré…
Disparu ce regard d’enfance
Qui croit vivre un conte de fées.

Demain commence une autre vie,
Il me faudra gagner mon pain
Et rentabiliser ma vie
Par je ne sais trop quel moyen.

Demain je sais, je restreindrai
Mes ambitions démesurées
De jeune fille privilégiée,
Me contentant de ce que j’ai.

Demain je sais, je ferai taire
Mon trop plein d’humeur, de fierté,
Et je rabattrai mon caquet
De demoiselle effarouchée.

Demain je sais, je fermerai
Les yeux sur les a priori
Et tous ces préjugés
Qui entravent la vie
Et qui la font stagner.

Demain j’accepterai
Sans faire la difficile,
Ce qu’hier je boudais 
Et voulais impossible.

Demain je bouclerai
Mon cœur sur nos secrets,
Pourvu que l’amitié
Laisse dans son sillage,
À défaut de nuages,
Un beau ciel étoilé ;

Demain, j’aimerais bien
Enfin apprivoiser
Ce cœur par trop volage
Et pourtant si sauvage
Qu’il n’a jamais laissé
Quiconque l’approcher.