Et s’il suffisait juste

– À ma mère


Et s’il suffisait juste de retrouver l’enfant,
Cet enfant intérieur blotti contre son sein,
Lui redonner confiance et lui tendre la main,
Renouer avec lui une relation tendre ;
 
Entendre ses murmures, accompagner ses peurs,
Entamer ou reprendre un dialogue intérieur,
Conscient de l’importance de ce lien salvateur ;
Le serrer sur son cœur, l’emmener vers demain,
Avec la bienveillance dont nous avons besoin
Mais dont on a manqué quand on était gamin.
 
Et s’il suffisait juste de retrouver l’enfant,
Cet enfant intérieur qui pleurait dans le noir,
Pour panser ses blessures il n’est jamais trop tard ;
Réveiller dans ses yeux des myriades d’étoiles,
Lui offrir de l’amour, des rêves, de l’espoir,
Réinventer les jours et hisser la grand-voile…

Pour Emma

Le merle a sifflé sa joie
Dans l’air tiède de l’été ;
Ne serait-ce pas pour toi,
Ma jolie petite fée ?
 
La mésange sur le toit
S’est mise aussi à chanter ;
Est-ce pour nous annoncer
Que tu es bien arrivée ?
 
Les nuages sont passés,
Troublant ce bleu si parfait ;
Mais pour toi, mon doux bébé,
Seuls importent la tétée,
 
La chaleur de ta maman,
Les bras tendres qui te bercent,
La voix des êtres qui t’aiment
Et le bonheur de l’instant.


Emma est née le 24 juin 2020…
Félicitations aux heureux parents !

Dix-sept ans

– À A. –


J’ai eu moi aussi dix-sept ans,
Mais tout était si différent ;
Un autre temps et d’autres mœurs
Dans la recherche du bonheur.
L’horizon était loin devant,
Inatteignable avant longtemps
 
J’ai eu moi aussi dix-sept ans,
Avec des projets plein la tête
Et ces inaccessibles rêves
Qui brillaient dans le firmament…
J’avais pourtant les pieds sur terre
Mais ma réserve naturelle
M’empêchait d’aller de l’avant
 
J’ai eu moi aussi dix-sept ans,
Avec le sentiment tenace
De m’être égarée dans ce siècle
Et de ne pas trouver ma place,
Différente parmi mes pairs,
Entre peur de vivre et mal faire ;
En quête de points de repères
 
J’ai eu moi aussi dix-sept ans,
Et le cœur qui bat la chamade ;
Des espoirs fous, des dérobades,
Tant et tant de questionnements…

Elles dorment

Elles dorment toutes les deux,
Détendues, tranquillisées,
Couchées l’une contre l’autre
Tout conflit désamorcé.
 
Elles dorment, abandonnées,
Leurs chevelures mêlées,
Et leurs visages si proches
Peuvent presque se toucher.
 
Elles dorment, sans se lasser.
La lumière de l’été
Passe à travers les volets,
Effleurant leurs yeux fermés.
 
Elles dorment ; et quand leurs lèvres
Délicatement s’entrouvrent,
Je peux percevoir leur souffle
Et parfois je vois leurs rêves
 
Dessiner sous leurs paupières
Des mouvements saccadés
Tandis que leur doigts légers
Aux gestes désordonnés
Caressent doucement l’air.
 
Elles dorment, le cœur en paix,
La tête sur l’oreiller ;
Rien ne peut leur arriver
Car leur mère est là qui veille
Sur le paisible sommeil
De ses filles bien-aimées.