Ronde des saisons

– À Hovhannès


Les feuilles d’automne sont mortes,
Détachées depuis bien longtemps,
Tapissant l’herbe sobrement.
L’hiver passe avec sa cohorte
De frimas, de neige et d’autan,
Portant la froidure en son flanc
 
Mais qui vient toquer à ma porte ?
Qui s’avance jusqu’à chez-moi ?
C’est le printemps qui nous exhorte
À savourer la grande joie
Accompagnant la renaissance
De la nature qui verdoie
 
Et bien que s’éveillent nos sens,
Le printemps qui chante déjà
N’efface pas les feuilles mortes
Que l’automne a semées chez-moi.

Le printemps frappe à notre porte

Le printemps frappe à notre porte,
Ouvrons-lui nos cœurs et nos bras ;
Humons le vent qui nous apporte
Le parfum tendre des lilas
 
N’oublions pas les feuilles mortes
Qui jonchent encor les sous-bois,
Offrant un moelleux matelas
Où se réfugient les cloportes
 
Le printemps frappe à notre porte,
Les fleurs alentour se déploient ;
Mais comment goûter cette joie
Quand la guerre gronde là-bas ?

Boire le printemps

– À mon frère


Boire le printemps à sa source

Humer les parfums de la terre

S’effacer devant la Grande Ourse

Sourire aux beautés éphémères

Goûter la douceur de la vie,

Intemporelle passagère,

La caresse de l’univers

Et tout ce qui n’a pas de prix

Prier pour que la paix revienne,

Pour que les êtres se réveillent

Et, décidant de leur destin,

Reprennent leurs rêves en main.

Une envie de printemps

– À Karine –


Alors nous nous réjouirons
des petites attentions
Que nous réserve la Terre
 
De ces journées qui s’allongent
Vers la nouvelle saison ;
De la douceur printanière
 
Des fleurs aux corolles fraîches ;
Jacinthes bleues, violettes
Véronique ou petit lierre
 
Cardamine ou alliaire,
Jonquilles et primevères,
Crocus, euphorbe, stellaires
Trèfles, bleuets, fumeterre
 
Anémones, pissenlits
Boutons d’or ou muscaris,
Mauve, colza, myosotis
Sainfoin, pervenche ou lychnis
 
Tout un écrin végétal
Qui s’éveille peu à peu
Et, déployant ses pétales,
Donne au jour un air joyeux.