
– À mon père –
Le jardin a passé son manteau de verglas,
Le givre a saupoudré de ses brillants cristaux
Objets et végétaux.
La moindre toile d’araignée,
Simple brin d’herbe, feuille mouillée,
En se parant de glace devient une œuvre d’art.
Le grillage a blanchi, pris dans cet air givré.
Les plantes endormies sont figées par le froid ;
Leurs feuilles sont ourlées de festons de glaçons
Qui réhaussent de blanc leurs tiges et bourgeons.
L’eau de pluie qui stagnait au fond de l’arrosoir
Ou dans les seaux restés dehors, au potager,
S’est changée dans la nuit en une patinoire.
La terre congelée, durcie telle un caillou,
Trompe les sensations de mes pas quand je marche.
L’hiver qui s’installe resserre son étau.
Il me gèle les mains et me bleuit les doigts.
Rares sont les oiseaux qui sortent ce matin,
Osant poser leurs pattes raidies sur les rameaux
Des arbres engourdis ; ils en restent sans voix.