Echappée de soleil

Échappée de soleil
Dans l’hiver qui finit,
Chaleur qui se propage
Le temps d’une éclaircie ;
 
Bien-être qui s’installe
Quiétude infinie,
Sérénité du corps
Accalmie de l’esprit.
 
Lumière qui s’étale
Projetant sur la table
Son puissant éclairage
D’où naît la fantaisie ;
Toute une poésie
D’ombres portées fugaces
Apparues sur ma nappe,
Trop vite évanouies.
 
L’irradiante lueur
M’envahit de torpeur ;
La nuque, les épaules,
Un tiers de mon visage,
La tête et puis le dos
Se prêtent au délice
De l’heureuse surprise
D’une minute exquise
Goûtée les yeux mi-clos.
 
Caresses sur la joue
Baiser chaud dans le cou,
La lumière est intense,
Éblouissante et crue ;
Parfois elle s’atténue
Lorsque quelque nuage
S’interpose un instant
Entre ma peau et l’astre,
Et j’aime ce contraste.
 
Je reste à savourer,
Félicité des sens,
La splendide embellie
De ce temps qui, par chance
A suspendu son vol…
 
Comme un chat qui se love
Près de la cheminée,
Je recherche la pierre
Chauffée au cœur de l’âtre
Et mon âme sourit
À ce doux paradis
Qui par bonheur s’attarde.

Manège

Il fait encore un peu frais
Ça sent bon comme en été,
J’ai longuement observé
Le manège des oiseaux ;
 
Les courses des martinets,
L’élégante pie bavarde,
La perruche au vert plumage,
Les pigeons qui paradaient.
 
J’ai écouté l’étourneau,
Celui qui faisait le guet
Sur l’antenne de télé
Et sifflait sans s’arrêter ;
 
Je l’ai vu qui surveillait
Son nid, caché sous les tuiles,
Au-dessous de la gouttière,
Bien avant de s’y glisser
Une fois que le danger
Lui paraissait écarté.
 
J’ai suivi, intéressée,
Ses allers-retours au nid,
Quand il prenait avec lui
De quoi nourrir et calmer
Ses oisillons affamés,
Jusqu’aux prochaines becquées ;
 
Et assise à ma fenêtre
J’ai vu la première guêpe,
La première coccinelle,
Le tout premier papillon
Voleter près du balcon.

Avril au jardin

Le merle et la merlette
Sautillent de-ci de-là,
Une pie mal lunée
Chasse sans hésiter
Deux beaux pigeons ramiers.

Dans le grand catalpa,
Les gousses desséchées
Tintent discrètement
Et tombent lentement
Sur le sol, à nos pieds.

L’air chaud et parfumé
De l’exquise senteur
Des douces giroflées
Me sort de ma torpeur.
Le vent dans le jardin
Fait bruisser le feuillage,
Chatoyant et léger,
Du bouleau argenté,

Quant au cerisier fleur,
Ses bouquets composés
De petits pompons roses
Offrent, au ciel printanier,
Une pluie de pétales
Parsemant le terrain
D’un tapis doux et gai.

La terrasse est baignée
Des effluves sucrées
Provenant des buissons,
Vigoureux et rustiques,
D’orangers du Mexique
Et, longeant la maison,
Dans la petite allée
Fleurissent les rosiers.

Sous les arceaux forgés
D’un sobre métal vert,
La glycine a poussé.
Ses tiges lignifiées
Sont tout enchevêtrées,
Sculpture originale
Qui grimpe, luxuriante,
En tonnelle apaisante.

Précédant le feuillage,
Ses belles grappes tendres,
Épanouies, descendent
En dégradé de mauve
Subtil et délicat,
Répandant leur parfum
Suave et enivrant
Dans le petit matin.

Invitée en ce lieu
Par ma belle-famille,
C’est près de leur jardin
Que j’ai pu commencer
Cette convalescence,
Qui m’a ouvert les yeux
Et m’a donné la chance
De remettre du sens
Dans le cours de ma vie.

Inspirée et confiante,
J’ai pu réorienter
Un peu mon existence
Vers plus de transparence,
Donnant de l’importance
À ce qui me nourrit ;
L’art et la poésie. 




Soisy sous Montmorency

Mars

Déluge de pluie drue
Vent violent en rafales,
Envolées de flocons
Tourbillons dans les nues

Cliquetis des grêlons,
Giboulées qui s’installent,
Alternance d’averses
Crépitant aux fenêtres
Dans un joyeux chahut ;

Chatoiement du soleil
Le temps d’une éclaircie,
Et la terre en sommeil
Tout doucement s’éveille
Et renaît à la vie.

Paisiblement les graines
Germent sous les châssis,
Dans les jardins, les serres
Et dans tout le pays,

Lançant vers la lumière
Leurs pousses rebondies
Par l’abondante sève
Et la belle énergie
Que le printemps soulève.

Crocus et primevères,
Mimosas et jonquilles,
Délicates violettes
Ou tendres muscaris

Genêts éblouissants
Dressant leurs verges d’or
Dans le jour finissant ;
Magnolias qui arborent
Leurs boutons florissants

Aubépines, pommiers,
Pruniers et cerisiers
Aux branches habillées
En blanches mariées,

Mars ne chôme pas
Et s’en donne à cœur joie
Car, petit à petit,
Vient le vert des feuillages

Avant que les pétales
Ne leurs cèdent la place,
Tombant en confettis,
Tapissant les allées,
Les jardins, les terrasses
De leur beauté fugace.