Ta peine

– À ma mère –

Je voulais alléger ta peine,

Adoucir un peu ton chagrin,

Être là pour t’accompagner

Quand retentirait le mot « fin » ;

Mais tu es seule à affronter

L’abîme absolu de l’absence

Toute seule avec ta souffrance

Dans un douloureux tête-à-tête,

Le dernier permis sur la Terre

Dans ce corps et pour cette vie,

Ultime et poignante entrevue,

Avant le saut dans l’infini

Que nous ferons l’instant venu.

C’est le moment de démêler

Les déceptions et les rancœurs

Que l’on porte comme une croix

Qui saigne au plus profond de soi ;

S’alléger la tête et le cœur,

Renoncer à toutes ses peurs,

Remettre à zéro les compteurs

Pour être en paix avec soi-même

Et ceux qui nous ont élevé

Pendant une vie tout entière,

Mais qu’il faut laisser s’en aller

Quand la dernière heure a sonné

Malgré la peine et les regrets

Qui ressurgissent sans arrêt,

Ce terrassant vide intérieur

Qui nous accable désormais,

Nous ayant laminé le cœur

Tel un immense mascaret

Déferlant sur notre existence

Où l’on doit pourtant se pencher

Pour protéger ce qui a fait

L’adulte né de cette enfance

Afin d’en comprendre l’essence

Et toute la fragilité,

Pour en préserver les beautés,

Puisque la vie est une chance

Et que ce temps nous est donné.


26 décembre 2010 / 20 juillet 2023

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