– À Étienne et Jo, qui savent combien la douleur n’est pas un vain mot,
et à tous ceux qui souffrent, partout dans le monde –
Que sont donc toutes nos blessures
Face à ces actes de torture ?
Quand ça nous broie, quand ça nous brûle,
Quand ça nous entaille la peau
Quand cela fait jaillir nos larmes,
Qu’un cri de douleur nous échappe,
Quand la souffrance est si tenace
Qu’elle nous fait courber le dos
Quand ce mal nous anéantit,
Nous coupant le souffle et la voix,
Figé dans un repli sur soi
Pour un temps qui semble infini
Je pense à tous ceux qui endurent
Ainsi des actes de torture,
Qu’ils soient faits par sadisme pur
Ou pour un renseignement sûr
Que l’on arrache sans merci
Ceux qui l’ont subi dans leur chair ;
Qu’ils soient revenus de l’enfer
Ou qu’ils y aient laissé leur vie,
Qu’ils soient parvenus à se taire
Ou qu’ils aient tellement souffert
Qu’ils aient avoué dans un cri
Même courageux et pugnace,
Qui voudrait échanger sa place
Pour être mis à la géhenne,
Quand il est inimaginable
De supporter l’insupportable
Et rester maître de soi-même ?
Je voudrais saluer ici
Le cran de ces gens ordinaires
Qui dans la tourmente sont pris,
Et rendre hommage à tous les êtres
Remarquables et exemplaires
Bravant sans hésiter l’enfer
Pour défendre quoi qu’il advienne
Ce qu’ils estiment de plus cher,
Prêts à le payer de leur vie.