Dans la steppe

D’un récit palpitant j’ai retenu ces vers ;
L’immensité du ciel, La couleur de la nuit,
Et cette lune claire qui veillait sans un bruit.
La longue traversée dans la steppe déserte,
Sous la voûte céleste t’éclairant à demi,
Après avoir passé quelques heures peut-être
En douce compagnie.
 
Une marche en silence de plusieurs kilomètres
Pour regagner à pied ton village endormi,
Bien avant que tes sens se mettent en alerte ;
Un léger tremblement provenant de la terre,
Vibrant sans s’arrêter, gagne en intensité
Tandis qu’à l’horizon avance, inexorable,
La grande masse noire qui s’approche en grondant.
 
La charge s’amplifie, martelant sans répit,
Au rythme trépidant des sabots qui piétinent ;
Ces secousses sismiques qui heurtent le terrain
Résonnent, se propagent dans ton corps aguerri
Qui poursuit son chemin sur la plaine sans fin.
 
Puis les ombres soudain, que tu voyais au loin
S’animer sans comprendre, se muent en un troupeau
D’innombrables chevaux lancés en plein galop
Qui se ruent sans attendre.
 
Ils viennent droit sur toi ; alors sans hésiter,
Courant à perdre haleine du côté opposé
Pour tenter d’échapper à une mort certaine,
D’un seul coup tu te jettes dans une simple ornière
Creusée non loin de toi.
 
De cette tranchée-là tu assistes sans voix
À une scène hippique, épopée fantastique
Qui se joue devant toi, gravant à tout jamais
Au fond de ta mémoire la sauvage beauté
Des chevaux écumants dont les muscles saillants
Luisent d’un bel éclat.
 
Un étalon puissant aux sabots imposants,
Pris dans cette lueur de l’astre voyageur,
Se cabre sous la lune ;
Dressant fougueusement sa silhouette fière
Il secoue sa crinière, allonge l’encolure,
Lançant au firmament un long hennissement.



Ce poème est dédié à Monsieur Hovhannès Haroutiounian qui m’a confié ce souvenir.

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