Laissez-moi donc ôter ce masque
Où l’on inspire à points comptés,
S’excusant presque d’exister ;
Cette vie en suspens me pèse
Et mon visage à la peau blême
Se fane en lumière filtrée.
Laissez-moi donc ôter ce masque
Pour inspirer à pleins poumons
De tout mon cœur, l’air printanier
Qui s’invite tôt cette année ;
Je veux m’évader pour de bon
Bien loin de cette mascarade,
Et filer où le vent fantasque
S’engouffre sans laisser-passer.
Laissez-moi sourire aux passants,
Aux oiseaux et à la vie même,
Je veux boire encor le soleil
Et sentir la fraîcheur mouillée
De l’eau qui s’égoutte du ciel ;
Laissez-moi respirer à l’aise,
Oublier les gestes barrières
Les distances, le couvre-feu,
Et retrouver le privilège
D’humer les fleurs qui se révèlent
À mes yeux et mon nez heureux !
Je veux à nouveau éprouver
La liberté qu’on chérissait,
Retrouver ce qui nous rassemble,
Et la sensation si grisante
De me sentir vraiment vivante
Dans un monde rasséréné.